Atomes crochus

L'actualité bourse hebdo en 5 minutes

C’est encore le Nasdaq qui affiche la baisse la plus marquée cette semaine, alors que la rotation vers les petites capitalisations boursières se poursuit sur fonds de résultats en demi-teinte pour certaines grandes valeurs de la technologie, tandis que le scénario économique reste globalement positif.

Le stockage d’électricité brille chez Tesla ; peut-on encore parier sur l’hydrogène dans la mobilité ?

Macro 🔭

Aux Etats-Unis, les marchés ne régissent pas à l’annonce du retrait de Biden des élections, misant toujours sur la victoire de Trump. Les ventes de logements, existants comme nouveaux, baissent, tandis que les permis de construire se reprennent. Le PMI composite est supérieur aux attentes, à 55, grâce à la composante services. La croissance du PIB du T2 accélère à 2,8% après 1,4% au T1. Le PCE de juin augmente de 2,5% (annualisé), ouvrant la voie à une prochaine baisse de taux. Les dépenses de consommation augmentent de 2,3%, et l’indice de confiance des consommateurs (Michigan) est supérieur aux attentes. Les nouvelles demandes d’allocations chômage sont en baisse (235 000), de même que ne nombre total de chômeurs. Les mesures phares de Trump pourraient voir leurs effets inflationnistes se manifester dès maintenant : la forte hausse du prix du fret est attribuée en partie à des livraisons avancées en anticipation d’une hausse des droits de douane.

L’indice de confiance des consommateurs de la zone € s’améliore. Le PMI composite de juillet baisse à 50,1, tout juste en zone d’expansion, en raison notamment des performances décevantes des productions industrielles allemande et française. Les enquêtes sur le climat des affaires en France et en Allemagne sont également décevantes.

Au Japon, les prix à la consommation s’affichent en hausse de 2,2% en juillet.

Après un Troisième Plenum décevant sur le front des annonces économiques, où l’objectif de croissance de 5%, pas atteint eu T2, a été réitéré sans annonce de mesures de relance, la banque centrale chinoise annonce quelques mesures modestes d’assouplissement monétaires, insuffisantes pour rassurer les marchés, puis un plan de soutien à la consommation.

Micro 🔬

Le S&P 500 offre désormais la même diversification qu’un portefeuille de 50 à 60 titres. Sa version équipondérée, que nous évoquions il y a deux semaines, a fait environ 5% de mieux que le S&P 500 classique depuis.

Tesla publie un chiffre d’affaires en hausse de 2% au T2 (-7% pour l’automobile, + 100% pour le stockage d’électricité, +21% pour les services), et un résultat net en baisse de plus de 40% après charges de restructuration, et inférieur aux attentes pour le quatrième trimestre d’affilée, en raison des baisses de prix consenties sur les véhicules. La société dévoilera le robotaxi le 10 octobre, et Musk estime que la conduite non supervisée devrait être autorisée en 2025. Plusieurs milliers de robots humanoïdes Optimus seront utilisés dans les usines Tesla en 2025, et il sera commercialisé en 2026. Musk, jamais à court de superlatifs, déclare que les 8 milliards de terriens en auront un (compter plus de deux fois plus avec les usages industriels) et que la division sera la plus importante du groupe, devant les voitures. Et que la conduite autonome mérite une valorisation de 5 000 Md$, les robots plusieurs fois ce montant. En attendant, la capitalisation boursière passe de près de 800 Md$ à moins de 700 sur la publication. Ceci dit, s’il reste des obstacles réglementaires à franchir pour lancer la conduite autonome complète, le concept d’une Tesla que l’on peut mettre en location aussi simplement (plus même) qu’un appartement sur Airbnb est indéniablement séduisant. Et indispensable pour la valorisation du titre, puisque Musk répète qu’il ne doit être détenu que dans cette perspective : « So I recommend anyone who doesn't believe that Tesla would sell vehicle autonomy should not hold Tesla stuff. They should sell their Tesla stuff. If you believe Tesla will sell autonomy, you should buy Tesla stuff. And all these other questions are in the noise."

Alphabet publie un CA trimestriel en hausse de 14% grâce aux divisions Cloud et Search et des bénéfices par action en hausse de 31%. La division Other Bets (projets tels que Waymo dans la conduite autonome ou Verily dans la santé) creuse ses pertes à 1,1 Md$ pour moins de 400 M$ de CA. Le CEO souligne qu’il faut du temps pour que les investissements dans l’IA se transforment en opportunités commerciales significatives, et le ralentissement de la croissance de la publicité sur Youtube (de 21% au T1 à 13% au T2 en raison d’une base de comparaison plus difficile), ainsi que la petite alerte de la CFO sur les bases de comparaison plus difficiles au T3 pour Youtube, et sur le fait que la marge opérationnelle du groupe au T3 supportera plus d’amortissements et de coûts de lancement, provoquent des prises de bénéfices sur le titre. Par ailleurs, OpenAI commence à tester auprès de 10 000 personnes son modèle de recherche assistée par IA, SearchGPT, concurrent de Google Search.

Echaudée par la perspective d’un processus anti-trust difficile, et estimant pouvoir obtenir une meilleure valorisation, la startup de cyber dans le cloud Wiz (4 ans d’existence, dernière levée en mai sur une valorisation de 12 Md$) décline l’offre à 23 Md$ d’Alphabet et prépare une IPO. Toujours dans la cybersécurité, le BSOD (Blue Screen Of Death) causé à 8,5 millions d’utilisateurs de Microsoft par une erreur dans une mise à jour de Crowdstrike est expliqué ici en quelques lignes.

L’IPO du dernier fonds fermé de Pershing Square (Bill Ackman) est reportée. La taille de l’opération était auparavant passée de 25 Md$ à une fourchette de 2,5 à 4 Md$.

Selon Sequoia, Barclays ou Goldman Sachs, l’intelligence artificielle devrait générer quelque 500 Md$ de chiffre d’affaires pour justifier les investissements entrepris en 2024, loin des 10 Md$ envisagés à court terme. D’autres, issus parfois des mêmes institutions, prévoient qu’Nvidia donnera des exemples du chiffre d’affaires généré par ses clients grâce à l’IA lors de la publication des résultats du T2.

Le CEO d EssilorLuxottica confirme l’intérêt de Meta pour une participation au capital de sa société, signe que cette dernière parie toujours sur la réalité augmentée. Zuck aurait cependant demandé à sa division AR/VR, qui a englouti 55 Md$ depuis 2019, de couper ses dépenses de 20%.

Après les déceptions chez Burberry et Richemont, le ralentissement de la croissance du luxe est une fois encore confirmé : les ventes de LVMH n’augmentent que de 1% au T2, celles de Kering sont en baisse à deux chiffres, Porsche attribue son profit warning à la pénurie d’un alliage mais note la faiblesse de la demande chinoise, seul Hermès tire encore son épingle du jeu avec des ventes en hausse de 13%.

La minute innovation 🧚🏻

Meta dévoile Llama 3.1, son LLM open source aux 405 milliards de paramètres. Zuck explique ici pourquoi c’est important.

Musk a activé le supercalculateur d’xAI, doté de 100 000 GPU H100 de Nvidia et destiné à entraîner son propre LLM, Grok (le Llama 3.1 lancé cette semaine par Meta a été entraîné sur 16 000 GPU H100).

Moshi, la nouvelle IA vocale de notre Xavier national, a encore un peu de pain sur la planche avant de battre Chat-GPT.

Sequoia Capital proposerait à certains investisseurs de la fintech Stripe de racheter pour 861 M$ de titres sur une valorisation de 70 Md$. La startup était valorisée 95 Md$ lors de son dernier tour de financement en 2021, et 50 Md$ l’été dernier.

Atomes crochus

« Le monde se dirige vers une électrification complète des transports, non seulement les voitures mais aussi les avions et les bateaux », déclare Musk en introduction de la conférence téléphonique des résultats du T2. Quid de l’utilisation de l’hydrogène pour la mobilité ? L’Allemagne, dont la stratégie énergétique fait des merveilles depuis quelques décennies, travaille sur le sujet, suivant la doxa européenne. D’autres, à en juger par les parcours boursiers de quelques indices et ETF (S&P Kensho, Global X par exemple), ont des doutes.

L’hydrogène décarboné ou hydrogène vert (produit par électrolyse d’eau avec des énergies renouvelables) a deux finalités : remplacer l’hydrogène fossile utilisé dans l’industrie (430 kilotonnes d’hydrogène produit à partir de sources fossiles sont utilisées en France dans le raffinage, la chimie ou la production d’engrais), et développer de nouveaux usages dans la mobilité ou certains procédés industriels. Selon la société française Lhyfe, introduite en bourse en 2022, le bilan carbone de la production est de 0,9kg pour 1kg hydrogène vert, contre 11,1kg pour 1kg d’hydrogène gris. Certes, mais selon Janco, les atomes d’hydrogène et d’oxygène de l’eau sont si bien accrochés que l’énergie nécessaire pour les séparer est exactement égale à celle que l’hydrogène fournira en brûlant. Selon la même source, il faudrait 1 milliard de tonnes d’hydrogène par an pour remplacer les carburants fossiles, impliquant un doublement de la production électrique mondiale pour les synthétiser.

Au-delà de son rendement énergétique (qui pourrait être amélioré en réutilisant la chaleur perdue des réacteurs nucléaires, avec la possibilité d’augmenter le rendement électrique de l’électrolyse à 85%), le problème de l’utilisation de l’hydrogène est le transport. Il se fait sous forme d’hydrogène liquide (à -252°C, impliquant 30% de perte d’énergie), gazeux (inflammable et explosif), d’ammoniac (rendement de la double conversion : 45%), ou de carburants de synthèse liquides à température ambiante. Son avantage relatif, le stockage, paraît moins significatif si l’on parvient à stocker de l’électricité.

Notre Conseil National de l’Hydrogène, doté de 7 Md€ en 2021 (9 dans la dernière mise à jour, assortis de 4 Md€ de subventions prix) pour financer une stratégie dans le domaine, estime à juste titre qu’il n’y a pas de cas d’usage pour les véhicules particuliers, et évalue les besoins pour l’industrie et la mobilité lourde à un million de tonnes en 2035. Et les besoins en réseau de transport à 500 kilomètres de canalisations à horizon 2030, indépendantes des réseaux de gaz naturel existants.

Selon toute probabilité, l’hydrogène vert sera cantonné à des applications industrielles. L’Europe a fixé pour objectif que 42% de l’hydrogène utilisé dans l’industrie soit vert en 2030, représentant 10 millions de tonnes par an. Reste l’utilisation éventuelle des ressources du sous-sol, actuellement à l’étude, et qui donnera certainement lieu à des débats animés.

Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.