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Marchés faiblement positifs aux Etats-Unis, en territoire négatif en Europe, tandis que le rebond des titres chinois se poursuit.

Alors que la demande d’électricité accélère, où en sont les investissements dans le nucléaire ?

Macro 🔭

Aux Etats-Unis, le PMI composite de septembre (S&P Global) déçoit un peu à 54. Les chiffres de l’emploi sont globalement positifs (à l’exception des nouvelles inscriptions au chômage, un peu supérieures aux attentes) : l’enquête JOLTS fait état d’un rebond du nombre de postes à pourvoir à plus de 8 millions, même si les indicateurs avancés que sont les taux de démission et de recrutement continuent à fléchir, les créations d’emplois non agricoles surprennent à la hausse à 143 000 (sondage ADP) et 254 000 (NFP) en septembre, un bond par rapport aux 114 000 du mois d’août, et le taux de chômage passe de 4,2% à 4,1%. Powell évoque deux baisses supplémentaires de 0,25% d’ici la fin de l’année « si l’économie évolue comme prévu ». La grève des dockers est suspendue au bout de trois jours jusqu’au 15 janvier alors qu’un accord provisoire portant sur 62% d’augmentation des salaires en six ans est négocié. Les dégâts pour l’économie américaine étaient chiffrés à 5 Md$ par jour.

Les prix à la consommation dans la zone € augmentent de 1,8% en annualisé (données de septembre), les prix à la production baissent de 2,3%. Le taux de chômage est stable à 6,4%, et le PMI composite baisse moins que prévu au mois d’août (49,6). L’UE ratifie l’augmentation des droits de douane (qui peuvent dans certains cas être portés à 45%) sur les véhicules électriques fabriqués en Chine à partir de novembre avec 5 votes contre, dont l’Allemagne. Et repousse d’un an une loi destinée à pénaliser les producteurs se livrant à la déforestation. 🙃

Au Japon, le sondage Tankan sur l’activité des entreprises s’améliore au troisième trimestre, mais les PMI manufacturier et des services sont inférieurs aux attentes, bien qu’en zone d’expansion. Le taux de chômage baisse à 2,5% mais la confiance des ménages se rétracte. Encore une volte-face sur la politique monétaire : le nouveau premier ministre déclare que l’économie n’est pas prête pour une nouvelle hausse de taux. Au cours des huit premiers mois de l’année, les investisseurs japonais ont acheté massivement leurs obligations d’Etat, et ont coupé leurs investissements à l’étranger, qui totalisent encore plus de 4 000 Md$. Une tendance à la relocalisation des capitaux qui pourrait se poursuivre.

En Chine, les PMI manufacturier (en contraction) et des services des petites et moyennes entreprises (Caixin) déçoivent. Alors que les marchés sont fermés jusqu’au 8 octobre pour la Golden Week, les titres chinois cotés à Hong Kong ou aux Etats-Unis continuent à flamber.

Micro 🔬

Nike retire ses objectifs annuels et décale sa journée investisseurs, un classique lors d’un changement de CEO, lors de la publication de ses résultats. Au dernier trimestre, le groupe affiche un résultat net en baisse de 28% sur un chiffre d’affaires en baisse de 10%.

Levi Strauss déçoit également, avec un chiffre d’affaires à peu près stable pour le trimestre et un objectif annuel revu à la baisse. Les ventes de jeans de la marque progressent modestement, celles des « chinos » de la marque Dockers baissent de 15%.

Amazon recrutera 250 000 personnes aux Etats-Unis pour la saison des fêtes, en ligne avec l’année dernière.

Cisco serait sur le point d’investir dans Coreweave (datacenters spécialisés dans l’intelligence artificielle), valorisant la société 23 Md$.

Le Chief Information Officer de Tesla quitte la société quelques jours avant l’événement dédié au lancement du robotaxi, prévu le 10 octobre. Tesla fait également face à un cinquième rappel de Cybertrucks en raison d’un problème de caméra de recul, et publie des livraisons de près de 463 000 véhicules en septembre, en hausse de 6% sur le même mois de l’année dernière mais un peu inférieures au consensus.

Les constructeurs chinois Nio et Xpeng annoncent des livraisons de véhicules électriques respectivement en hausse de 12 et 16% au cours des trois derniers mois.

Toujours dans l’électrique, Rivian attribue la déception sur ses livraisons de septembre à des pénuries de pièces et revoit à la baisse ses objectifs annuels de production, entraînant une forte correction du titre.

Dans une semaine décidément riche an actualités automobiles (pour les autres secteurs, l’actualité reprend la semaine prochaine avec les premiers résultats du troisième trimestre), le cours de Stellantis décroche en raison d’un avertissement sur résultats conséquent (à croire qu’investisseurs et management avaient oublié que le secteur était cyclique). La société engage également des procédures contre le syndicat des travailleurs de l’automobile américain (UAW) cette semaine en raison de menaces de grèves.

Abu Dhabi National Oil Company fait une offre à 11,7 Md€ en numéraire sur le chimiste allemand Covestro, une prime de plus de 50% sur le cours coté avant l’apparition des premières rumeurs sur l’opération.

La minute innovation 🧚🏻

OpenAI a finalement levé 6,6 Md$ auprès de Thrive Capital, Microsoft, Khosla Ventures, Fidelity, Nvidia, Tiger Global, Softbank et quelques autres, sur une valorisation pre-money de 150 Md$, et obtenu une ligne de crédit supplémentaire de 4 Md$ (à un taux d’intérêt de 6%). La société aurait pour objectif un chiffre d’affaires de 10 Md$ en 2025.

Daren Acemoglu, professeur au MIT, estime que seuls 5% des emplois vont être remplacés ou très assistés par l’intelligence artificielle. You’re not going to get an economic revolution out of those 5%.

Des étudiants de Harvard ont piraté les lunettes de réalité augmentée de Meta et révélé qu’il était possible d’obtenir des informations personnelles sur la personne qu’on regardait en quelques secondes.

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Les développements de l’intelligence artificielle nécessitent une puissance de calcul qui pèse sur les capacités de génération d’électricité. Selon Barclays, les datacenters utilisent déjà 3,5% de la génération d’électricité, et cette demande devrait au moins doubler d’ici 2030, et représenter 9% de la génération. Contrairement à la plupart des usages de l’électricité, intermittents, les modèles IA fonctionnent en continu, entraînant une hausse du facteur de charge maximal requis pour les centrales électriques.

Alors que la demande d’électricité a été stable au cours des 15 à 20 dernières années aux Etats-Unis (et même négative en 2023), les datacenters, les véhicules électriques et la relocalisation d’une partie de la production sur le territoire, même dans l’hypothèse où leur développement serait surestimé, devraient entraîner une phase de hausse. Selon Bain (dans ce rapport abordant plusieurs dimensions de l’intelligence artificielle), les datacenters majeurs, actuellement de 50 à 200 megawatts, devraient passer à plus de 1 GW pour satisfaire les usages de l’IA.

La volonté de décarboner l’énergie se heurte à la réalité : les nouveaux usages augmentent la demande d’électricité, et sa production à partir de sources non fossiles est insuffisante. Les sources intermittentes de type solaire ou éolien ne peuvent convenir pour une production en continu, et si l’énergie nucléaire est plus stable (et d’après Jancovici plus propre, petit aperçu d’un témoignage devant le Sénat en 3 minutes ici), aux Etats-Unis elle est déjà utilisée à 96% de sa capacité. Les hyperscalers doivent donc recourir à des énergies « sales » pour couvrir leurs besoins en électricité.

Microsoft, qui avait pour objectif un bilan carbone négatif d’ici 2030, a dû faire face à un rebond de ses émissions de 30% en 2023 en raison des développements de l’intelligence artificielle. Fin septembre, la société a signé un contrat de fourniture d’électricité de vingt ans avec l’opérateur de la centrale nucléaire de Three Mile Island, en Pennsylvanie, dont l’unité 1 devrait être redémarrée en 2028. Mise en service en 1974, la centrale avait connu un incident majeur en 1979 (sur une autre unité) et avait été arrêtée en 2019 pour des raisons économiques.

L’Agence Internationale pour l’Energie constate qu’au niveau mondial, la demande d’électricité est passée d’une croissance de 2,5% en 2023 à 4% en 2024 (et en estimation 2025), et qu’en scénario moyen la demande d’électricité dans le monde pour les datacenters, l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies devrait doubler d’ici 2026 à 1 000 TWh. La feuille de route Net Zéro de l’AIE prévoit un doublement de la production d’énergie nucléaire d’ici 2050. Sur la base des constructions actuellement planifiées, cette croissance se ferait essentiellement en Asie, surtout en Chine, et même au Japon qui vise 20% de nucléaire dans son mix énergétique en 2030. En Europe, l’Allemagne est sortie du nucléaire, et l’Espagne lui emboîtera le pas en 2027, mais 14 pays se sont alliés avec un objectif de 50 GW de capacité nucléaire d’ici 2050. Dans le monde, il manque encore une capacité de 210 GW (environ 20% du total) pour atteindre l’objectif Net Zéro. Les investissements devraient donc se poursuivre.

Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.