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L'intelligence en mouvement
Investir dans l'innovation

Les marchés ignorent les signaux encore modérés de ralentissement économique pour saluer les avancées de la semaine sur le front de la guerre commerciale.
Musk lance un test de ses robotaxis à Austin : parviendra-t-il à accélérer le développement de la voiture autonome, lancé il y a une quinzaine d’années et toujours largement inabouti ?
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, le PMI de juin signale un très léger ralentissement de l’activité. Les données continuent à indiquer que le consommateur fatigue (baisse de l’indice de confiance du Conference Board), malgré une dégradation du marché du travail encore très modérée (plutôt une bonne surprise sur les nouvelles inscriptions au chômage cette semaine, mais poursuite de la remontée des inscriptions totales) et tandis que les prix à la consommation (PCE) repartent à la hausse. La croissance du PIB au premier trimestre est d’ailleurs revue à la baisse en raison d’un net ralentissement de la consommation, en particulier des dépenses de loisir. Toujours pas de rebond dans l’immobilier : les ventes de logements existants restent sur les niveaux extrêmement déprimés atteints depuis trois ans, les ventes de logements neufs baissent fortement, et l’indice des prix Case Shiller poursuit son ralentissement. Trump déclare qu’il a trois ou quatre candidats en vue pour le poste de président de la Fed et pourrait les annoncer à l’automne, entraînant une nouvelle baisse du $ en anticipation d’une politique plus accommodante. Un accord avec la Chine est annoncé par l’équipe de négociateurs américains : livraison de terres rares, puis levée des droits de douane envers la Chine, qui confirme officiellement dans la soirée de vendredi. En attendant, le déficit commercial du premier trimestre augmente de 42%.
Dans la zone €, le PMI de juin reste tout juste en zone d’expansion, signant néanmoins un sixième mois d’affilée au-dessus de 50. L’indicateur de sentiment économique baisse de nouveau, tiré par une baisse de la confiance de la part de l’industrie, et géographiquement par une dégradation marquée de la confiance en France, alors que la dette publique française atteint 114% du PIB. La présidente de la Commission Européenne aurait déclaré aux leaders de la zone € qu’elle était confiante dans l’obtention d’un accord avec les Etats-Unis sur les droits de douane avant la deadline du 9 juillet, mais entre partisans de la fermeté et tenants des concessions, un consensus ne semble pas émerger. Le budget 2025-2029 de l’Allemagne confirme le volet investissement du plan de relance, un fonds de 500 Md€ sur douze ans destiné au financement de l’infrastructure au sens large.
Au Japon, le PMI composite de juin rebondit et signe un troisième mois d’affilée en zone d’expansion. Malgré un taux de chômage toujours à 2,5% en mai, le consommateur reste prudent et les ventes au détail progressent moins que prévu (2,2% en mai). Le gouvernement réitère sa position sur la guerre commerciale, déclarant qu’il ne peut accepter les taxes de 25% sur l’automobile.
Au forum économique de Tianjin (le « Davos d’été »), Li Qiang déclare que la politique économique chinoise transformera le pays en « géant de la consommation assis sur une solide base manufacturière ».
Les membres de l’OTAN passent un accord d’augmentation des dépenses de défense à 5% d’ici 2035 (dont 1,5% pour les infrastructures et la cybersécurité).
Micro 🔬
Le consensus à Wall Street a revu drastiquement ses attentes de croissance de bénéfices pour le deuxième trimestre : alors que les analystes attendaient une progression de près de 8% en avril pour les résultats du S&P 500, ils ne projettent plus que 2,8%.
Les introductions en bourse sont en hausse de 53% en valeur au premier semestre aux Etats-Unis (où les SPACs font un retour inattendu), de 45% en Asie, et de 38% en Europe.
Le fabricant de semiconducteurs Micron publie des résultats trimestriels et des prévisions pour le trimestre en cours d’excellente facture, à l’exception d’une marge brute inférieure aux attentes qui entraîne une sanction du titre. C’est la mémoire flash qui est à l’origine de la déception, en raison de pressions sur les prix. La mémoire à haute bande passante, utilisée pour les logiciels d’intelligence artificielle, affiche pour sa part une forte croissance, mais là aussi le marché attendait des projections plus ambitieuses.
Le transporteur Fedex déclare que l’environnement global reste volatile. Bien que les résultats trimestriels soient supérieurs aux attentes, le titre est pénalisé par des prévisions décevantes pour le trimestre en cours et le refus de communiquer des objectifs annuels en raison des incertitudes sur les droits de douane.
A l’inverse, Nike affiche plus de 15% de hausse sur une publication laissant entrevoir un retour à la croissance. La publication du trimestre montre un chiffre d’affaires en baisse de 12% et des résultats en baisse de 86%, le trimestre prochain pourrait voir un début d’inflexion, avec des ventes en baisse de « seulement » %.
Worldline décroche sur un article du réseau EIC (dont le représentant en France est Mediapart) l’accusant de transactions « douteuses, voire frauduleuses ». En cause notamment, l’acquisition de PayOne en 2020, une société sanctionnée depuis par la Bafin, le régulateur allemand, pour non-respect de ses obligations antifraude et anti-blanchiment. La société dément, la BPI soutient, la justice belge lance une enquête.
La minute innovation 🧚🏻
Google Deepmind lance AlphaGenome, une IA qui analyse des séquences d’ADN d’une longueur pouvant aller jusqu’à 1 million de bases et prédit leur activité et l’effet des mutations génétiques qu’elles peuvent comporter.
Contrairement à ce que vous lisez dans la presse, nous sommes encore loin de la fiction Her : selon une étude d’Anthropic, seuls 2,9% des interactions avec Claude.ai ont un caractère affectif.
Le MIT lance SEAL, le LLM qui optimise tout seul son apprentissage.
Le nouveau SUV de Xiaomi, YU7, lancé cette semaine et destiné à concurrencer le modèle Y de Tesla en Chine, enregistre près de 300 000 commandes en une heure.
La plateforme vifargent.io est enfin en ligne. C’est une première itération, qui évoluera rapidement au cours des prochaines semaines, alors si vous voulez être nos bêta-testeurs, on attend vos commentaires (par retour d’email). 🤗
L’intelligence en mouvement 🚖
Etes-vous sûr que le chatbot piloté par IA que votre entreprise brûle de lancer ne va pas raconter n’importe quoi à vos clients ? Tout comme le robotaxi de Tesla, lancé cette semaine en test à Austin, s’est empressé d’enfreindre le code de la route ? La conduite autonome devait être l’application facile de l’intelligence artificielle : données relativement structurées et remplacement d’une activité jugée par beaucoup fastidieuse ; or, quelque 100 Md$ et dix années plus tard, Waymo (Alphabet) ne propose désormais des courses payantes et entièrement sans conducteur que dans cinq villes américaines, avec une flotte de 1 500 à 2 000 véhicules, et Tesla lance donc ces derniers jours un service pilote d’une dizaine de robotaxis à Austin, Texas, dans une zone géographiquement délimitée. Elon projetait en 2019 un million de robotaxis Tesla en…2020. Apollo Go, de Baidu, opère environ mille véhicules dans quinze villes chinoises, avec des tests et des déploiements projetés à Hong Kong, Dubaï, Abu Dhabi et potentiellement en Europe. Bref, il n’est pas si facile de déployer des flottes autonomes, pour des questions technologiques et réglementaires.
La norme de référence pour les régulateurs et les constructeurs du monde entier définit six niveaux d'automatisation de la conduite, de 0 à 5. L’aide à la conduite de niveau 2, où les systèmes ne fournissent qu’une assistance, fonctionne dans la plupart des véhicules neufs vendus aujourd’hui. A partir du niveau 3, le système lui-même devient responsable de la surveillance de l'environnement dans des conditions spécifiques, mais un humain doit être prêt à reprendre le contrôle lorsque le système le demande. Un véhicule n'est considéré comme autonome qu'à partir de ce seuil. Au niveau 4, le système peut conduire de manière entièrement autonome à l'intérieur d'un Domaine de Conception Opérationnelle (ODD) spécifique, comme une zone urbaine géolocalisée ou une autoroute, dans des conditions météorologiques définies. C'est le niveau requis pour un service de robotaxi. L’objectif ultime, mais encore lointain (pas avant 2035), de l'industrie est le niveau 5, où le système peut conduire partout, dans toutes les conditions qu'un humain peut gérer.
Il existe deux approches pour atteindre ce but : le modèle éprouvé mais lent à déployer de Waymo, et le modèle non éprouvé mais rapide à déployer de Tesla. La technologie de Waymo repose sur des multi-capteurs (LiDAR, radar, caméras) et sur des cartes haute définition préconstruites. L'entreprise affirme que son système est nettement plus sûr que les conducteurs humains, citant une réduction significative des accidents corporels. Pour sa part, Tesla utilise les données recueillies auprès de sa flotte de consommateurs de niveau 2, où les conducteurs agissent comme des superviseurs de sécurité non rémunérés, pour entraîner son futur réseau de niveau 4. L'entreprise a enregistré plus de 5,6 milliards de kilomètres avec le FSD (full self-driving) actif ou en « mode fantôme », contre 59 millions de kilomètres pour Waymo. Sa technologie repose uniquement sur des caméras et des réseaux neuronaux (ni LiDAR ni radar). Cette approche réduit considérablement les coûts et permet théoriquement à n'importe quelle Tesla de devenir un robotaxi. En somme, Waymo collecte des données structurées en moindre quantité, ce qui en fait l’expert des domaines géolocalisés, tandis que Tesla collecte d’énormes quantités de données de conduite en conditions réelles pour entraîner son IA à gérer la complexité du monde non géolocalisé. Enfin, comme Waymo, Baidu utilise une approche multi-capteurs.
Les régulateurs sont encore prudents, en raison des implications en termes de sécurité publique, et des incertitudes juridiques, notamment sur la responsabilité finale en cas d’accident (propriétaire, fabricant, développeur de logiciels, opérateur de la flotte ?). A ce stade, ils semblent plus à l’aise avec les tests des approches moins risquées de type Waymo ou Baidu.
La taille du marché est difficile à établir. La plupart des analystes l’estiment entre 40 et 100 Md$ à horizon 2030. Dans la galaxie Musk, sans surprise, on parle plutôt de cinquante à cent fois ce montant. Le business model devrait être très différent : il ne s'agit plus de vendre un produit, mais de vendre un service de transport, en assumant tous les risques et les coûts opérationnels associés, y compris l'assurance et la responsabilité civile. Les coûts salariaux réduits (plus de chauffeur) impliquent des marges potentiellement supérieures de deux à trois fois à celles des VTC. D’autant qu’il devrait s’agir d’un oligopole : compte tenu de l’intensité capitalistique (GM a dépensé 10 Md$ avant d’arrêter, Waymo pas loin de quatre fois plus à ce stade), le nombre d’acteurs diminue de jour en jour. Après avoir d’abord fait l'acquisition de Cruise, GM a très récemment fermé sa division; Toyota a racheté la division dédiée de Lyft, Aurora celle d'Uber, Ford etVW ont abandonné le sujet en 2022.
En conclusion, la technologie devrait se généraliser un jour ou l’autre, comme de nombreuses autres applications de l’IA, mais le timing exact reste incertain.
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Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.