Le dragon vert

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Semaine courte mais positive aux Etats-Unis, où les données économiques sont plutôt bien orientées mais pas de nature à remettre en cause la politique accommodante de la Fed, stable pour l’Eurostoxx.

Alors que la COP 29 est jugée décevante, faut-il compter sur la Chine pour baisser les émissions mondiales ?

Macro 🔭

Aux Etats-Unis, les indices manufacturiers des Fed de Chicago (octobre), Dallas (novembre) et Richmond (novembre) baissent. Le PCE (mesure d’inflation préférée de la Fed) remonte un peu à 2,3% en octobre après 2,1% en septembre, un niveau qui ne devrait pas remettre en cause les baisses de taux. Le PIB, toujours au T3, augmente de 2,8%. Les inscriptions au chômage restent conformes aux niveaux récents, et les minutes du dernier comité de la Fed relèvent un marché du travail solide et un ralentissement de l’inflation, ainsi qu’une volonté de poursuivre l’assouplissement monétaire. Le rapport sur la stabilité financière de la Fed mentionne un secteur bancaire solide, des vulnérabilités modérées dues à la dette des ménages et des entreprises, et comme principal risque la soutenabilité de la dette publique. Trump promet des hausses de droits de douane de 25% pour les marchandises en provenance du Canada et du Mexique, et de 10% pour la Chine, très loin des 60% évoqués pendant sa campagne.

L’indice IFO du climat des affaires en Allemagne pour novembre baisse, de même que celui mesurant la confiance du consommateur, également et sans surprise mal orienté en France. L’inflation dans la zone € accélère un peu en novembre à 2,3%. Les débats sur le budget français nous valent une augmentation de l’écart de rendement entre l’OAT et le Bund à 90, avant une relative stabilisation au niveau de 85. Pour la première fois, le spread avec la dette grecque passe à zéro.

Au Japon, l’indicateur avancé pour septembre progresse par rapport au mois précédent. La production industrielle déçoit un peu, de même que les ventes au détail. Les prix à la consommation dans la préfecture de Tokyo accélèrent à 2,6% en novembre. Une hausse des taux en décembre ou janvier est de plus en plus probable, permettant au JPY de se reprendre.

Le PMI composite chinois est stable en novembre à son niveau du mois précédent, en zone de faibles expansion (50,8).

Micro 🔬

Et de cinq ! Après Apple, Amazon, Meta et Alphabet, c’est au tour de Microsoft de faire l’objet d’une enquête de la FTC selon Bloomberg. Elle porterait sur le cloud computing, les licences de logiciels, les offres de cybersécurité et les produits d’IA et fait suite à plus d’un an d’entretiens informels avec des concurrents.

Selon IDC, les ventes d’iPhones devraient croître très faiblement cette année, Android gagnant des parts de marché.

La National Retail Federation estime que les ventes de la période des fêtes (novembre et décembre) devraient croître de 2,5 à 3,5% pour approcher les mille milliards de $.

La semaine est positive pour les semiconducteurs hors GPU, plutôt malmenés cette année en raison de marchés finaux contrastés (un euphémisme pour l’automobile par exemple) : l’administration Biden envisagerait des mesures moins drastiques que prévu sur les exportations vers la Chine (non qu’elle soit là pour longtemps), et Intel se voit finalement accorder des subventions fédérales de 7,9 Md$ pour augmenter la production de semis sur le sol américain.

Avec 1,7% de croissance de chiffre d’affaires au dernier trimestre, et des résultats en baisse, ainsi que des prévisions décevantes pour le trimestre en cours, HP voit son titre baisser de plus de 10%. La nouvelle version de Windows et les PC destinés aux usages de l’intelligence artificielle n’ont pas suffi à accélérer le cycle de renouvellement des équipements. Dell subit une sanction équivalente en publiant des ventes de PC en baisse de 1% et évoque également un cycle de renouvellement décalé à l’année prochaine. Le chiffre d’affaires global est en hausse de 10% grâce à la croissance des ventes d’infrastructure, dont les serveurs, mais les serveurs optimisés pour l’IA affichent moins de chiffre d’affaires qu’au semestre précédent.

Pony, la startup chinoise de voitures autonomes, lève plus de 400 M$, dont 260 via son IPO aux US, et le titre clôture sa première séance en baisse. La société détient une flotte de 250 robotaxis et 190 robotrucks et peut délivrer un service 100% sans chauffeur à Beijing, Shenzhen et Guangzhou.

Warren Buffett fait don de plus de 1 Md$ en actions Berkshire Hathaway à ses quatre fondations.

Unicredit lance une OPA hostile de 9,6 Md€ en titres sur son concurrent italien Banco BPM, alors que Commerzbank lui résiste. BPM juge l’offre insuffisante.

Brookfield décide de renoncer à l’acquisition du groupe médical espagnol Grifols après le rejet par la famille fondatrice de son offre à 6,45Md€.

Les investisseurs se ruent sur les ETF à effet de levier, et en particulier sur les ETF leveragés sur MicroStrategy, la société que nous évoquions la semaine dernière et qui offre elle-même un levier sur le bitcoin. Deux de ces ETF ont enregistré 420 M$ de souscriptions cette semaine. Avec du levier sur le levier, on n’a pas hâte de voir le bitcoin décrocher.

La minute innovation 🧚🏻

L’IA générative n’est pas encore là, mais quand il ne s’agit que d’imitation les progrès sont spectaculaires. Des chercheurs de Johns Hopkins et de Stanford ont entraîné grâce à des vidéos d’opérations le robot chirurgical Da Vinci à trois tâches requises dans une procédure chirurgicale, et il a atteint le même niveau que les chirurgiens.

L’IA générative n’est pas encore là (bis), mais un petit robot nommé Erbai kidnappe 12 robots après avoir engagé une conversation avec eux sur le thème des heures supplémentaires. Les fabricants des robots ont confirmé la véracité de la vidéo, et le fait qu’il s’agissait d’un test dans lequel Erbai a pris des initiatives.

Pixtral Large, le dernier modèle de Mistral AI, fait mieux que GPT-4 et la plupart de ses concurrents.

Le dragon vert 🐉

La COP 29 se termine cette semaine par un accord pour tripler les montants alloués par les pays riches aux pays pauvres afin de les aider à déployer les énergies propres et à bâtir des infrastructures plus résilientes. Le montant s’élève à 300 Md$ par an d’ici 2035, pour des besoins estimés par l’ONU à 1 300 Md$. L’accord inclut également le retrait d’une des déclarations de la COP 28, l’intention d’effectuer une transition hors des énergies fossiles, que l’Arabie Saoudite a refusé d’accepter, et le refus de la Chine de passer dans le camp des donateurs (ou des prêteurs). Sans compter la mise en place de règles pour le trading des crédits carbone, sur lequel nous reviendrons dans une prochaine édition. Le résultat est généralement considéré comme largement insuffisant compte tenu des enjeux, mais une COP à Bakou, c’est comme les talibans à l’ONU, improductif au mieux.

Et si le salut venait de la Chine ? Responsable de plus de 30% des émissions mondiales, elle s’est fixé un objectif de réduction des émissions à partir de 2030 et de neutralité en 2060 et semble accélérer la transition depuis l’année dernière. Si la stabilité de ses émissions cette année doit certainement au ralentissement de la croissance, et si le charbon reste encore la principale source d’énergie, la capacité installée de renouvelables dépasse déjà l’objectif 2030 du gouvernement. Le pays a investi massivement ces dernières années (600 Md$ en 2023, un multiple des investissements des grandes nations), et domine les marchés des véhicules électriques, des batteries (le premier producteur de batteries pour les véhicules électriques au monde est le chinois CATL) et des panneaux photovoltaïques (80% de la production).

L’inflation et la fin des subventions ont pesé lourdement sur les ventes de véhicules électriques en Europe. A date, elles sont en baisse, et les immatriculations de l’ensemble des véhicules sont à la peine également. De plus, la Chine exporte ses surcapacités. BYD a vendu deux fois plus de véhicules électriques dans le monde cette année que Tesla, et cinq à six fois plus que BMW, troisième du classement. En Europe, l’augmentation des droits de douane commence à faire effet : la part de marché des marques chinoises n’a représenté que 8,2% des immatriculations européennes en octobre, un quatrième mois de déclin. Du côté des batteries, le sud-coréen LG Energy Solutions, propriétaire de la plus grande usine de l’UE (en Pologne) opère à 50% de sa capacité. Et la déflation a contribué, avec de multiples autres facteurs, à l’entrée en procédure de sauvegarde (chapter 11) du suédois Northvolt, pourtant financé à hauteur de 13 Md$ par Volkswagen, Goldman Sachs ou les fonds de pension suédois et danois. L’objectif de création d’une chaîne d’approvisionnement indépendante des Chinois et des Sud-Coréens est sérieusement compromis.

La Chine prend (enfin) au sérieux la question environnementale, et comme dans d’autres domaines, dont la technologie, elle s’est donné les moyens d’y occuper une place significative.

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Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.