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Le fil de nos jours
L'actualité bourse hebdo en 5 minutes
Les marchés américains souffrent nettement plus que l’Eurostoxx cette semaine. Si les tensions géopolitiques n’épargnent personne, quelques résultats trimestriels déçoivent et l’assouplissement monétaire ne cesse d’être repoussé aux Etats-Unis, alors qu’il est imminent en Europe.
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, l’Empire State Manufacturing (indice de la Fed de New York) baisse plus fortement que prévu, tandis que l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie rebondit. Les indicateurs de l’immobilier sont tous dans le rouge (mois de mars). Les ventes au détail en revanche accélèrent significativement (4% annualisé en mars après 2% en février), tandis que les nouvelles demandes d’inscription au chômage restent contenues à 212 000. L’indicateur avancé du Conference Board est toujours négatif, mais se redresse un peu. De même que l’inversion de la courbe des taux, il prédit depuis des mois une récession qui n’a pas eu lieu. Powell suggère que les taux directeurs resteront à leur niveau actuel aussi longtemps que nécessaire. John Williams, président de la Fed de New York, déclare même qu’il n’exclut pas une nouvelle hausse si les données économiques indiquent qu’elle s’impose. L’indicateur de la Fed de Chicago montre d’ailleurs que les conditions financières sont accommodantes (et l’ont toujours été depuis la crise financière).
Le chancelier allemand Olaf Scholz demande aux Chinois de cesser toute pratique discriminatoire vis-à-vis des entreprises européennes, citant le dumping, la surproduction et les violations de propriété intellectuelle. La production industrielle de la zone € rebondit un peu en février par rapport au mois précédent, mais reste en baisse de 6,4% par rapport à février 2023. Christine Lagarde déclare néanmoins à Washington que l’économie européenne montre des signaux clairs de redressement. Le taux de chômage est stable dans la zone € à 6,5% (données de février), ainsi que dans l’OCDE (4,9%).
La croissance de 5,3% du PIB chinois est une bonne surprise à première vue, mais il semble qu’elle ait ralenti fortement en mars, et l’accélération doit essentiellement aux investissements publics, tandis que la consommation et la production industrielle restent très décevantes.
Le Fonds Monétaire International revoit à la hausse ses attentes de croissance pour l’économie globale, à 3,2% (3,1% dans l’estimation de janvier) en 2024 et 2025 (inchangé), mais rappelle que les prévisions à moyen terme sont les plus basses depuis des décennies en raison de la faible productivité et des tensions sur le commerce global. La révision à la hausse vient essentiellement des US, qui passent de 2,1% à 2,7% de croissance attendue cette année, s’attirant des réprimandes du FMI pour « une politique budgétaire incompatible avec la stabilité fiscale et financière à long terme ». Les prévisions pour la zone € passent de 0,9% à 0,8% (France : de 1% à 0,7%).
Le halving du bitcoin a eu lieu vendredi. Tous les 4 ans, les récompenses payées aux mineurs sont divisées par deux, réduisant de moitié le nombre de bitcoins créés. La création maximale de bitcoins (21 millions) est programmée pour 2140.
Micro 🔬
Le résultat net de Goldman Sachs progresse de 28% au premier trimestre, surprenant à la hausse grâce aux revenus de trading obligations et actions et de la banque d’investissement.
Morgan Stanley sort du purgatoire avec des revenus de trading également supérieurs aux attentes et surtout d’excellents résultats de sa division gestion de fortune, dont les encours ont fortement progressé au premier trimestre. Seule ombre au tableau, les régulateurs américains s’intéressent aux procédures anti-blanchiment d’argent de cette même division.
Le titre de Bank of America est en revanche pénalisé, car si comme ses consœurs elle affiche des revenus de trading et de banque d’investissement en hausse à deux chiffres, elle surprend par ses pertes sur prêts défaillants (cartes de crédit et immobilier commercial).
Tesla licencierait 14 000 personnes, soit 10% de ses effectifs. La société baisse également le prix de son option Full Self-Driving de 199 à 99$/mois et rappelle 3900 Cybertrucks en raison de problèmes avec la pédale d’accélération. De quoi animer le vote des actionnaires le 13 juin prochain sur le déménagement de la société au Texas et son corollaire, le rétablissement du package de 55,8 Md$ de Musk, qu’un juge du Delaware avait annulé.
Les stocks de véhicules électriques ont augmenté de 202% aux Etats-Unis au premier trimestre selon Bloomberg, malgré des promotions totalisant 2 Md$. En Europe, les ventes ont décliné de 11% en mars par rapport à mars 2023 en raison de la baisse des subventions.
Micron remporte à son tour une subvention de 6,1 Md$ du gouvernement américain pour son projet de production de puces mémoire avancées dans les Etats de l’Idaho et de New York.
ASML, le champion des semiconducteurs européens (indirectement puisque sa technologie permet leur fabrication), publie des prises de commandes en baisse de 61% au premier trimestre par rapport au trimestre précédent, citant l’attentisme de ses clients (TSMC, Samsung ou Intel).
Les livraisons d’iPhone auraient baissé de 10% au premier trimestre selon International Data Corporation, dans un marché en hausse de 7,8% en volumes. Samsung reprend la tête du classement avec près de 21% de part de marché, Apple tombant à 17%.
Plus de 9 millions de nouveaux abonnés pour Netflix au premier trimestre, près de deux fois ce qu’attendait le marché, mais des objectifs timides pour le second trimestre et l’annonce que le nombre d’abonnés ne sera plus communiqué à compter de 2025 pénalisent le titre.
Salesforce étudierait le rachat d’Informatica pour 11,4 Md$.
Apollo Global Management et Sony envisageraient une offre conjointe sur les actions de Paramount Global (CBS, MTV), déjà en discussions avec Skydance Media.
Trump Media & Tech poursuit son plongeon à l’annonce d’une augmentation de capital et d’une incursion dans le streaming (tandis que Trump demande à vendre avant la fin du lockup – no limit), avant de rebondir spectaculairement (parce que la société a alerté le Nasdaq qu’elle suspectait une activité illégale, à la baisse évidemment, sur le titre ?). Environ - 50% depuis l’IPO, ça fait marrer Biden. Le niveau de la campagne est moins drôle.
Le Sénat américain pourrait voter l’interdiction de TikTok dès samedi, avec un délai de cession par sa maison-mère ByteDance allongé à 1 an, contre 6 mois dans la proposition de loi originale. Le temps pour le Chinois de contre-attaquer en justice, voire d’avoir un autre interlocuteur au pouvoir. L’interdiction n’enthousiasme d’ailleurs pas les Américains. Ni les Chinois forcément, qui ont ordonné à Apple de retirer WhatsApp et Threads (Meta) de son app store. Ainsi que Telegram et Signal.
25% de hausse pour le premier jour de cotation de Planisware, le fabricant français de logiciels SAAS de gestion de projets. Effet rareté ?
Amundi apporte ses activités américaines à Victory Capital en échange de 26% du capital du gérant d’actifs coté au Nasdaq.
La minute innovation 🧚🏻
L’assistant IA de Meta est en cours d’intégration dans Instagram, Facebook, Whatsapp et Messenger. Il intègre en temps réel les résultats de recherche de Bing et Google. Meta.ai n’est pas encore disponible en France.
Sora, le modèle d’OpenAi permettant de créer des vidéos à partir de texte, a publié quelques petits films réalisés par des créatifs. Moins époustouflants que les précédents, à moins qu’on ne s’habitue déjà à ces images, à l’exception peut-être du voyage dans le temps, des vitraux humains et des cochons volants (2, 5 et 6).
L’Apple Vision Pro lance une version beta de ses avatars ou personas, désormais très réalistes. Le métavers à portée de main.
Le fil de nos jours
Sam Altman, ce n’est pas seulement OpenAi. L’homme a investi 180 M$ pour cofonder Retro Biosciences, qui vise à ajouter à chacun 10 ans de vie en bonne santé en menant des programmes de recherche sur l’autophagie (processus biologique de nettoyage des cellules endommagées), la réjuvénation du plasma sanguin, et la reprogrammation partielle des cellules. Cette dernière technique, la transformation de cellules âgées en cellules souches, dont la découverte a valu à Shinya Yamanaka le prix Nobel de médecine en 2012, et ses applications en médecine régénérative sont expliquées dans cet article de l’INSERM. Son utilisation clinique pose encore des problèmes, d’oncogénicité notamment, mais des techniques de reprogrammation partielle ont montré des résultats prometteurs dans le rajeunissement chez la souris.
La quête de longévité et son corollaire, la lutte contre le vieillissement, ont toujours mobilisé leur lot de scientifiques et de gourous, tels ces activistes anti-mort (sic) cités par Bloomberg déclarant : Dying is bad. This is something humanity doesn’t take seriously enough. Elle attire désormais des milliardaires défiant l’intelligence à bien des égards (Vitalik Buterin, co-fondateur d’Ethereum, déclarant que le vieillissement est un désastre humanitaire qui tue autant de monde tous les deux ans que la deuxième guerre mondiale), et pour une fois motivés par leur propre conservation plus que par la taille du marché, pourtant colossale.
Calico Labs, filiale de Google fondée en 2013 et dont l’une des dirigeantes a découvert un gène du vieillissement qu’on pouvait manipuler pour augmenter la durée de vie d’un organisme, fait partie des pionniers de l’étude des mécanismes du vieillissement et des maladies liées à l’âge et développe un traitement d’immunothérapie anti-cancéreuse (actuellement en phase 1 d’études cliniques) avec le laboratoire pharmaceutique Abbvie. Jeff Bezos a investi 3 Md$ dans Altos Labs, fondée en 2022 et dédiée à la recherche sur la réjuvénation cellulaire. Et puisqu’étudier l’effet d’une thérapie sur une vie humaine, c’est long, la startup Loyal teste ses produits sur les grands chiens, dont la durée de vie est de 6 à 9 ans, avec des premiers signes de vieillissement à 3 ans qui permettent de raccourcir la durée des études cliniques. Son premier traitement, qui cible le facteur de croissance IGF-1, a obtenu une approbation conditionnelle de la FDA l’année dernière.
Vous l’aurez compris, l’investissement dans le secteur est pour l’instant réservé à quelques happy fews, et c’est plutôt en capital-risque (228 opérations pour un total de 7 Md$ d’investissements en 2022), et sur la côte Ouest, même s’il existe quelques technologies de facilitation cotées qui pourraient faire l’objet d’un panier. Nous poursuivrons sur ce thème et les véhicules d’investissement associés dans la prochaine édition. En attendant, on vous propose des investissements dans la santé au sens large dans la section ci-dessous. Et sans vouloir enfoncer le clou sur les écarts de dépenses de R&D entre les Etats-Unis et l’Europe, au rythme actuel les premiers immortels pourraient s’appeler Jeff et Lauren. C’est vous qui voyez.
Titre emprunté au merveilleux Vivre encore de Supervielle, poète à la frontière entre ancien et nouveau monde.
L’environnement macro-économique actuel, l’augmentation des risques géopolitiques et un certain nombre de lancements innovants méritent qu’on s’intéresse à la santé, sélectivement via des paniers de titres restreints ou en diversifiant largement grâce à certains ETF du secteur des biotechnologies. C’est ici.
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.