Munger's rule

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Munger’s Rule

🌞Les marchés américains clôturent en hausse pour le quatrième mois d’affilée, après une semaine positive des deux côtés de l’Atlantique sur fond de chiffres d’inflation ne remettant pas en cause les anticipations de baisses de taux. Alors que le débat sur l’impact de la gestion passive sur les marchés s’amplifie, et une semaine après la publication de la lettre de l’archétype du fonds actif, Berkshire, rappel des faits.

 

Macro

Aux Etats-Unis, les prix des logements (indice S&P Case-Shiller) augmentent de 6,1% (décembre 2023/2022), la onzième hausse d’affilée, tandis que les ventes de logements neufs sont inférieures aux attentes. La croissance du PIB au T4 est légèrement revue à la baisse : 3,2%, quand même. Le PCE de janvier, mesure d’inflation préférée de la Fed (elle reflète les prix payés, tandis que le CPI enregistre les prix de vente), sort en ligne avec les attentes à 2,4% annualisé, et les nouvelles demandes d’allocations chômage un peu au-dessus. La confiance du consommateur (indice de l’université du Michigan) baisse. Barry Sternlicht, président de Starwood Capital, estime que les banques régionales détiennent 2 000 milliards de prêts à l’immobilier commercial, et que la Fed s’inquiète de ce « giant skeleton in the closet ». Le patron de JP Morgan, pourtant pas le plus grand des optimistes, pense que s’il n’y a pas de récession c’est gérable.

L’indicateur de confiance des ménages en France s’améliore mais reste en-dessous de sa moyenne sur longue durée. L’inflation (février) ralentit moins qu’attendu dans la zone €, à 2,6%, plus qu’attendu en Allemagne (2,5%). Les marchés anticipent désormais que la BCE baissera ses taux avant la Fed. Le taux de chômage (janvier) reste remarquablement bas à 6,4%.

Le PMI chinois se contracte pour le cinquième mois d’affilée (49,1), sans affecter la hausse des indices boursiers entamée il y a un mois (13% depuis le 2 février).

Remarque d’un très cher lecteur à propos de ma dernière édition : « Les ETF bitcoin au comptant sont la deuxième classe d’actifs réels en ETF, derrière l’or et devant l’argent, ça m’a fait sourire ». #bonnetd'âne. Reste que l’actif immatériel se rapproche de son plus-haut historique (69 000$). Et du côté des actifs métalliques et néanmoins immatériels, les ventes de Rolex dépassent les 10 MdCHF pour la première fois.

Micro

New York Community Bancorp, la victime de l’immobilier commercial de ce début d’année, reprend le chemin de la baisse avec un plongeon de 26% : perte trimestrielle dix fois plus importante que précédemment annoncé, départ du CEO, et annonce que des faiblesses matérielles dans les contrôles des prêts ont été constatées.

La semaine dernière, les objectifs de Palo Alto Networks (cybersécurité) décevaient. Cette semaine, le titre rebondit car Nancy Pelosi, ancienne présidente de la chambre des représentants, déclare en avoir acheté pour plus de 500 000$. 6 M$ de trades par député actif (en bourse) en moyenne depuis un an selon le site capitoltrades.

Un autre titre de cybersécurité, Okta, publiait cette semaine et a terminé en forte hausse. Le fabricant de logiciels de gestion des identités et des accès a confortablement dépassé les attentes du marché, en chiffre d’affaires (en hausse de 19%) et surtout en résultat, et projette une croissance à deux chiffres en 2024.

Nouveaux petits signes d’exubérance irrationnelle cette semaine : Beyond Meat (viande à base de plantes) prend 84% sur la publication de ses résultats annuels, semble-t-il meilleurs que prévu, mais avec un chiffre d’affaires en baisse de 18%, une perte nette de plus de 300M$, des objectifs médiocres (3% de croissance de chiffre d’affaires sur les trois prochaines années), et une baisse continue des points de distribution de ses produits. Dead cat bounce. Quant aux résultats de Zoom Video Communications, ils sont salués par une hausse de 12% alors que 3% de croissance de chiffre d’affaires, pour une quasi-startup, même en Europe ce ne serait pas la gloire

La fintech suédoise Klarna, membre de l’écurie Softbank et passée de plus de 45 Md$ de valorisation en 2020 à moins de 7 en 2022, pourrait entrer en bourse l’année prochaine après avoir diversifié son business model. En attendant, les associés, passés et présents, de son actionnaire Sequoia (22% du capital) se déchirent. Et la société déclare remplacer 700 personnes par son assistant AI, envoyant Teleperformance au tapis (séance à -29%).

Tandis qu’Apple abandonne la voiture et fait une croix sur 10Md$ d’investissements, BYD monte en gamme avec le lancement prochain de la Yangwang U9 pour un peu plus de 230 000$. Rechargeable à 80% en 10 minutes. Et environ deux fois moins chère que la maintenance annuelle de la Valkyrie d’Aston Martin. Quant à Li Auto, a contrario des annonces du secteur, elle annonce des ventes en hausse de 136% au T4, et anticipe une hausse de plus de 65% au T1.

Dans le procès du DOJ contre Alphabet, ce dernier argue du fait qu’Apple a refusé de prendre comme moteur de recherche par défaut Bing (que Microsoft aurait tenté de lui vendre en 2018, après y avoir investi 100 Md$ en 20 ans). Pas de concurrent, un point c’est tout. Google n’échappe pas au bonnet d’âne en revanche avec Gemini, qui peut être génial (produire un code reproduisant votre recherche d’appartement sur internet), ou stupide (le florilège des images ayant engendré une grosse colère de Sundar est ici). L’avantage d’une recherche Google, c’est qu’on a les sources, avec l’IA mieux vaut connaître son sujet...

Alibaba mène le plus gros tour de financement d’une startup IA en Chine : 1 Md$, aux côtés de Monolith Management, pour Moonshot AI, valorisée 2,5 Md$ moins d’un an après sa création.

Munger’s rule

Investir selon un prisme thématique ne dispense pas d’appliquer des méthodes de sélection classiques aux titres. Sauf à choisir d’investir dans des indices, ce qui est en passe de devenir la norme aux Etats-Unis : début 2024, Morningstar a annoncé que plus de 50% des encours US étaient gérés passivement. Pour mémoire, la gestion passive consiste à répliquer un indice, tandis que la gestion active consiste à sélectionner des titres au sein d’un fonds. Le hic, c’est qu’il est désormais est souvent benchmarké, c’est-à-dire qu’il se réfère (et se compare) à un indice, dont il tend par conséquent à se rapprocher afin de minimiser les écarts de performance.

David Einhorn, fondateur de Greenlight Capital et connu pour avoir vendu des actions Lehman Brothers à découvert, a récemment déclaré que les marchés étaient cassés, car les encours n’étaient plus attirés par les fondamentaux d’une société mais par sa présence ou non au sein d’un indice. Pourtant, et malgré tout ce qu’on lit sur le poids des 7 Magnifiques, le marché américain n’est pas si concentré : les 10 plus grosses capitalisations représentent 25% de la cote, contre 56% en France par exemple, selon le Global Investment Returns Yearbook 2024.

Les ETF thématiques pourraient réélargir le marché, puisqu’ils basent leur sélection sur l’activité de la société (pourcentage du chiffre d’affaires dans la cybersécurité par exemple), et non sur son appartenance au S&P500 ou au SBF120. Certains sont passifs (ils investissent dans toutes les sociétés passant ce filtre), d’autres actifs (ils sélectionnent ensuite les titres qu’ils jugent les meilleurs), se rapprochant donc des fonds. Bref, l’histoire de la gestion est un perpétuel recommencement, avec des fonds actifs dont la gestion est devenue passive et l’émergence de plus en plus d’ETF actifs.  

Et l’IA dans tout ça ? Des expériences de gestion ont été menées avec ChatGPT, certaines à la limite du grotesque, d’autres plus probantes (finder.com), même s’il a été demandé à ChatGPT de se baser sur les critères de sélection des fonds auxquels il se mesurait pour faire son choix, et si la durée n’est pas encore suffisante pour tirer des conclusions définitives. Toujours est-il que la sélection est en hausse de 32% en un peu moins d’un an, contre 12% pour les 10 fonds les plus populaires au UK.

La sélection de ChatGPT contient Berkshire Hathaway et quelques-unes de ses participations ; Berkshire qui a publié la semaine dernière sa lettre, commençant par un hommage appuyé à feu Charlie Munger. Côté chiffres : 96 Md$ de résultat net en 2023, 37,4 Md$ hors plus et moins-values latentes, rien sur l’EBITDA car le mot est banni, et 561Md$ d’actif net (contre environ 9 000 Md$ pour les 499 autres composants du S&P 500). Buffett rappelle ses grands principes : investissement dans des entreprises capables de déployer du capital additionnel à des rendements supérieurs, et si possible dirigées par des gens compétents et honnêtes (never deal with a rascal under the expectation that you can prevent him from cheating you) ; et confesse être à court d’idées, compte tenu de la taille atteinte par son fonds. Il n’y a qu’une poignée de sociétés aux Etats-Unis qui puissent faire la différence, et hors US il n’y en a aucune.

En conclusion, quelle stratégie retenir ? Les disciples de Buffett sont nombreux, ceux qui affichent de bonnes performances nettement moins. Si vous ne pouvez pas les identifier ou n’y avez pas accès, sélectionner des ETF (pas n’importe lesquels) dans les domaines les plus porteurs et/ou ceux qui vous plaisent n’est pas forcément une mauvaise stratégie. Sans oublier la Munger’s Rule : Anytime anybody offers you anything with a big commission and a 200-page prospectus, don't buy it.

 

Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés. Si vous êtes intéressés par des thèmes d’investissement, contactez-nous par retour d’email.