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Petit bond en avant
Le rebond des actions chinoises
Semaine à l’équilibre pour l’Eurostoxx, en légère hausse pour le S&P 500 alors que les résultats des valeurs technologiques soufflent le chaud (TSMC) et le froid (ASML).
Entre ralentissement de la croissance et mesures de relance en Chine, que penser des indices actions ?
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, l’indice manufacturier de la Fed de New York plonge en octobre, celui de la Fed de Philadelphie rebondit, et la production industrielle, attendue stable, affiche une baisse. Les ventes au détail font preuve d’un peu plus de vigueur qu’attendu (données de septembre). Les nouvelles demandes d’allocations chômage sont bien reçues bien qu’elles confirment la tendance de détérioration graduelle du marché du travail. En ce qui concerne l’immobilier, les demandes de prêts immobiliers, les permis de construire et les mises en chantier sont en baisse mais l’indice de sentiment dans le secteur de la construction (NAHB) augmente pour le troisième mois d’affilée. Le déficit du budget fédéral US s’élève à 7,2% du PIB. Là-bas aussi, les politiques s’en occuperont quand le marché les y obligera, mais contrairement à l’€ le $ a (encore) le statut de monnaie de réserve.
L’inflation finale pour septembre dans la zone € ressort à 1,7%. La BCE baisse son taux de dépôt de 0,25% à 3,25%, et décembre verra probablement une autre baisse compte tenu du ralentissement de la croissance et de l’inflation, à laquelle Christine Lagarde estime « tordre le cou ». Ainsi qu’à l’€, note Bloomberg (la devise a perdu 3% contre USD en un mois). L’indice ZEW de sentiment économique pour la zone € (octobre) se reprend nettement, et la production industrielle est meilleure qu’attendu.
Au Japon, exportations (en baisse) et importations surprennent négativement. Les prix à la consommation augmentent de 2,5% en septembre, en ralentissement sur le mois précédent (3%). Le JPY ayant repris sa trajectoire baissière et approchant les 150 vs USD, le gouvernement recommence à évoquer des mesures de soutien à sa devise.
La désinflation se poursuit en Chine, qui publie des prix à la consommation en hausse de 0,4% en septembre après 0,6% en août, des prix à la production en baisse de 2,8% (-1,8% en août), et des prix des maisons en baisse de 5,8%. Les exportations, toujours pour septembre, augmentent de 2,4% (8,7% en août), et les importations de 0,3%. Le ralentissement de la croissance s’est poursuivi au troisième trimestre (PIB en hausse de 4,6% annualisé), mais certains indicateurs d’activité (ventes au détail, production industrielle, taux de chômage) se redressent en septembre et rendent crédible l’objectif de croissance de 5% pour l’année. Enfin, la banque centrale annonce de nouvelles mesures de soutien.
Le cours du bitcoin a bénéficié de l’annonce des mesures de relance chinoises ces derniers temps, mais surtout d’un consensus de marché en faveur d’une victoire de Trump (alors que les sondages montrent une avance de Harris, mais non significative). Les contrats futures Harris sur Polymarket rapportent 162% si elle gagne.
L’or dépasse les 2700$ l’once, le pétrole s’enfonce, signe (entre autres) que la relance chinoise n’est pas prise au sérieux par les marchés.
Selon le FMI, la dette publique dans le monde atteindra 100 000 Md$, soit 93% du PIB (134% pour les économies développées) fin 2024, et pourrait atteindre 115% dans trois ans en scénario dégradé.
Micro 🔬
Nassim Taleb, auteur du Cygne Noir et théoricien de l’importance des données aberrantes ou événements imprévisibles, est inquiet pour le dollar et les marchés.
Le fabricant de machines de photolithographie pour l’industrie des semiconducteurs ASML perd 14% cette semaine après avoir publié par erreur un jour plus tôt que prévu des résultats trimestriels supérieurs aux attentes, mais assortis d’une révision à la baisse de ses objectifs de chiffre d’affaires 2025. La société cite une demande soutenue de l’IA, mais une reprise plus graduelle que prévu des autres segments de l’industrie.
Taiwan Semiconductor Manufacturing Co, principal producteur des puces d’Apple et Nvidia, réconforte les marchés avec un résultat net en hausse de 54% au troisième trimestre et un objectif de croissance annuelle du chiffre d’affaires revu de 25 à 30%.
Cette visualisation permet de situer ASML et TSMC dans la chaîne de production des semiconducteurs.
C’est au tour d’Alphabet de se tourner vers le nucléaire : Google financera la construction de 7 petits réacteurs modulaires (SMR) par la startup Kairos Power aux Etats-Unis pour s’approvisionner en électricité. Le site génèrera 500 MW, assez pour un datacenter d’IA ou une ville de taille moyenne, avec une livraison prévue entre 2030 et 2035. Amazon annonce également un accord avec l’entreprise de production et de distribution d’électricité Dominion Energy pour le développement d’un SMR en Virginie, et son fonds Amazon Climate Pledge investit dans la levée de 500 M$ de X-Energy, un producteur de SMR, le tout afin de garantir son approvisionnement pour sa filiale cloud AWS.
Netflix gagne 5 millions de clients au cours du troisième trimestre, 10% de plus qu’attendu par le consensus. La société compte plus de 280 millions de clients, et attend 11 à 13% de croissance de chiffre d’affaires et une amélioration de sa marge opérationnelle à 28% l’année prochaine.
Uber envisagerait l’acquisition du géant du voyage Expedia.
L’Union européenne pourrait baser le calcul d’une éventuelle amende pour X (pour défaut de modération de son contenu) sur le chiffre d’affaires du réseau social et de SpaceX, Neuralink, xAI et Boring Company. Le Digital Services Act prévoit des amendes allant jusqu’à 6% du chiffre d’affaires de l’impétrant, et X étant une société privée, l’UE pourrait décider que l’entité à pénaliser est Musk (Tesla étant cotée, elle ne ferait pas partie de l’assiette).
Les exportations de montres suisses ont baissé de 12% en septembre. Celles à destination de la Chine affichent une baisse de 50%.
LVMH publie un chiffre d’affaires trimestriel en baisse de 3%, affecté par une baisse de 16% en Asie hors Japon et par une croissance décevante au Japon.
Sur les 15 sociétés du MSCI Europe ayant publié leurs résultats du troisième trimestre, 27% ont dépassé les attentes, quasiment la moitié ont déçu.
Pendant ce temps, la cession du Doliprane, lancé en France en 1964, à un fonds américain via la vente par Sanofi de sa filiale de santé grand public Opella, agite politiques et syndicats. Mérite-t-il vraiment beaucoup plus qu’une garantie d’approvisionnement, ou de maintien d’une production locale ?
La minute innovation 🧚🏻
Les robots Optimus du show Tesla de la semaine dernière étaient contrôlés à distance par des humains. Elon avait juste omis de le préciser.
Selon une étude réalisée par Apple, les grands modèles de langage (LLM) ne possèdent pas de capacités de raisonnement. Le Français Yann LeCun (Meta) considère que l’IA est plus bête qu’un chat.
A défaut de penser intelligemment, l’IA pense-t-elle plus que les humains ? Selon cet auteur, le volume annuel d’heures de réflexion de l’IA dépassera celui de nos cerveaux entre 2028 et 2035.
Pas très utile sur le périphérique parisien (😤), la Ferrari F80 développe 1200 chevaux et sera produite à 799 exemplaires (déjà tous vendus).
Petit bond en avant 🀄
De leurs sommets de février 2021 au creux touché en début d’année, les marchés boursiers chinois ont subi des baisses de 40 à 50% (plus marquées pour les indices d’actions cotées à l’étranger, à Hong Kong par exemple, très exposés aux grandes valeurs de la technologie et de l’immobilier, que pour les actions de Chine continentale). Cette correction sévère reflète un perfect storm : les géants du secteur technologique ont été confrontés à une série de régulations strictes de la part du gouvernement chinois, incluant des mesures visant à limiter les pratiques monopolistiques, à renforcer la protection des données, et à encadrer le secteur de l'éducation privée notamment ; la gestion des confinements a laissé des traces durables et la réouverture de l’économie à la suite de la relaxation des mesures anti-covid fin 2022 a déçu ; en parallèle, la crise du secteur immobilier, déclenchée par la volonté du gouvernement de mettre fin à la frénésie spéculative, a amplifié les craintes d'une crise financière plus large ; enfin, Les tensions commerciales et technologiques entre la Chine et les États-Unis ont aggravé la situation.
Plusieurs rebonds significatifs mais de courte durée se sont produits, au moment de la réouverture (tardive par rapport aux autres pays) de l’économie fin 2022/début 2023, où les attentes de revenge shopping des ménages chinois ne se sont pas matérialisées, et au début du deuxième semestre de 2023 en raison de l’annonce de mesures d’assouplissement monétaire et de politiques de soutien à l’immobilier dont l’impact sur le secteur ne s’est pas matérialisé.
Depuis début 2024, les autorités chinoises ont mis en œuvre plusieurs mesures de relance. En janvier la Banque Populaire de Chine a abaissé le ratio de réserve obligatoire des banques de 50 points de base, libérant environ 1 000 milliards de yuans (114 milliards de dollars) de liquidités. Cette mesure visait à stimuler le crédit et à restaurer la confiance sur les marchés financiers. En mars, le gouvernement a introduit des mesures de soutien pour les PME et le secteur immobilier, depuis la rentrée de nouvelles baisses des taux directeurs, des ratios de réserves obligatoires des banques et des taux des emprunts immobiliers ont été annoncées, ainsi qu’une injection de liquidité vers les 6 principales banques commerciales.
Ces initiatives ont contribué à un rebond violent, suivi très rapidement de prises de bénéfices en raison du manque de précisions sur la taille du plan de relance et de l’absence de mesures de soutien à la consommation. Le thème dominant sur les marchés reste celui de la « japanification » de la Chine : une longue période de déflation consécutive à l’éclatement d’une bulle immobilière (les prix des maisons continuent de baisser), dans un contexte démographique défavorable puisque la population décline depuis 2022. Sans compter un régime autoritaire et les cygnes noirs que sont l’agressivité de plus en plus marquée vis-à-vis de Taiwan et l’impact potentiel de l’élection de Trump sur les exportations. En contrepartie, le PIB chinois représente environ 20% du PIB mondial contre 15% pour les Etats-Unis, alors que la capitalisation boursière chinoise compte pour 5% de l’indice MSCI World All Countries contre 55% pour les Etats-Unis, les actions traitent à une décote historique par rapport aux indices globaux, et le marché offre une diversification efficace en raison de sa faible corrélation avec les marchés mondiaux : 33% pour les actions chinoises au sens large, 16% pour les seules actions cotées en Chine continentale selon ce papier.
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