- Newsletter vifargent.io
- Posts
- Le cercle fermé des géants de l'IA
Le cercle fermé des géants de l'IA

Cette semaine, l’Eurostoxx et le Nikkei tirent leur épingle du jeu, alors que les marchés américain et chinois terminent en baisse, en raison notamment de prises de bénéfices sur la tech.
Etude Bain & Co, annonces d’OpenAI : le marché s’interroge sur les liens entre les grands acteurs de l’IA.
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, le PMI de septembre déçoit sur les deux composantes, biens et services, et les indices des Fed régionales restent décevants. En revanche, la croissance du PIB au deuxième trimestre est revue à la hausse. Dans l’immobilier, les permis de construire continuent à baisser ; la surprise vient de la hausse de 20% des ventes de logements neufs, considérée comme une aberration statistique, même compte tenu des efforts consentis sur les prix (39% des promoteurs immobiliers ont baissé leurs prix de vente ce mois-ci, un plus-haut depuis la pandémie). Les statistiques d’emploi rassurent de nouveau cette semaine, après la forte détérioration enregistrée la première semaine de septembre, tandis que l’inflation mesurée par le PCE augmente légèrement à 2,7% (une étude conteste les mesures officielles du « coût de la vie », évaluant la baisse de pouvoir d’achat d’un salarié à 5% depuis 2001 : True Living Cost). Jerome Powell déclare que l’inflation et le ralentissement des embauches constituent un challenge pour la Fed. Le déficit de la balance commerciale s’améliore grâce à de moindres importations de biens ; d’après l’université de Yale, les droits de douane effectifs s’élèvent désormais à 18,6%, un plus-haut depuis 1933. Les visas H-1B, accordés au nombre de 85 000 tous les ans par tirage au sort, et dont 60% des titulaires travaillent dans la tech (et viennent pour la majorité d’Inde) coûteront désormais 100 000$. Le premier employeur de H-1B : Amazon, avec 18 000 salariés. Un nouveau « shutdown » (fermeture de l’administration) approche ; c’est aussi chronique que l’excès de dette, mais cette fois les négociations sont plus tendues : la Maison Blanche a demandé aux administrations de préparer des licenciements en masse si un compromis sur le budget n’était pas trouvé. Enfin, de nouvelles taxes à l’importation sont annoncées, sur les produits pharmaceutiques notamment.
Dans la zone €, la confiance du consommateur se redresse un peu en septembre. En France, les PMI poursuivent leur inflexion négative, sur les biens comme les services, alors que le PMI composite s’améliore dans la zone €, tiré par l’Allemagne, où la confiance des investisseurs montre néanmoins un coup de faiblesse en septembre. La dette française tutoie les 116% du PIB, la confiance des consommateurs français est stable (à un niveau très faible). Les prêts aux entreprises de la zone poursuivent leur amélioration graduelle et la croissance du PIB au deuxième trimestre est revue à la hausse.
Au Japon, le PMI composite déçoit, en raison d’un fort ralentissement sur la composante manufacturière, les services restant bien orientés. L’inflation (Tokyo) se stabilise à 2,5%. Les minutes de la BoJ montrent des dissensions sur le niveau des taux d’intérêt ; reste que la hausse des taux est un peu l’Arlésienne de l’année.
En Chine, les bénéfices industriels poursuivent leur amélioration et la banque centrale laisse ses taux inchangés.
L’OCDE avertit que l’économie globale va souffrir « substantiellement » des droits de douane en 2026, mais cela ne se reflète pas vraiment dans ses estimations de croissance mondiale : 3,2% en 2025 (+ 0,3% par rapport à la prévision précédente) et 2,9% en 2026 (inchangé, et pas franchement un ralentissement drastique). Les prévisions pour la France ne changent pas : 0,6% de croissance en 2025, 0,9% en 2026.
L’Ether touche un plus-bas de près de deux mois, les cryptos dans l’ensemble effacent environ 300 Md$ de capitalisation cette semaine.
Défense, l’infrastructure, l’agriculture, la tech ou la santé: découvrez nos propositions d’investissement ici.
Micro 🔬
Amazon transige avec la FTC dans l’affaire des abonnements Prime abusifs, pour un montant de 2,5 Md$ (1 Md$ d’amende et 1,5 Md$ de remboursements aux consommateurs lésés).
Après Nvidia, Intel aurait approché Apple pour sécuriser des financements.
L’équipementier télécoms Huawei, progressivement exclu du marché américain et privé d’accès aux composants critiques d’origine US depuis 2019, a dévoilé en fanfare un plan triennal autour de sa gamme Ascend, des superclusters capables de relier jusqu’à un million de NPUs (Neural Processing Units) pour offrir une alternative souveraine aux GPU Blackwell d’Nvidia.
Si Accenture est toujours un indicateur avancé de l’économie, la baisse de plus de 30% du titre depuis le début de l’année n’est pas encourageante. Les résultats du dernier trimestre (exercice décalé) sont plutôt supérieurs aux attentes, et l’IA générative représente environ 7% des commandes de l’année, et 8% au dernier trimestre, mais le ralentissement de la croissance est notable, de même que la baisse des marges. La société projette 2 à 5% de croissance à changes constants en 2026, en raison de la perte de plus de 1% de son chiffre d’affaires provenant des agences fédérales américaines.
Un consortium comprenant Oracle, Silver Lake et le fonds d’investissement d’Abu Dhabi MGX se porterait acquéreur de 45% des opérations américaines de ByteDance (Tik Tok) et les basculerait sur une infrastructure locale (elles y sont déjà en fait, chez Oracle). Trump a signé le décret jeudi, pour une transaction qui valoriserait la société à 14 Md$ (loin des 30 à 35 Md$ évoqués récemment dans la presse). Ni ByteDance ni la Chine n’ont confirmé.
Le titre d’Alibaba s’apprécie de près de 10% à l’annonce que la société investira plus que les 50 Md$ déjà annoncés dans l’intelligence artificielle.
Le fabricant de semiconducteurs de mémoire Micron publie des résultats trimestriels au-dessus des attentes, porté par la forte demande de mémoire vive et de mémoire à large bande passante utilisées pour l’intelligence artificielle. Prix et marges se redressent, confirmant la reprise du cycle anticipée par le cours, en hausse de 80% en six mois.
Pfizer fait une offre à 7,3 Md$ (en partie conditionnés au succès des développements cliniques) sur Metsera afin de faire une entrée tardive sur le marché des traitements de l’obésité.
Un juge autorise Orsted à poursuivre la construction de sa ferme éolienne offshore au large de Rhode Island.
Le titre Porsche décroche cette semaine alors que la société, qui fait face à un ralentissement de la demande, notamment en Chine, et à l’impact des droits de douane américains, annonce un recentrage sur les véhicules hybrides et thermiques et revoit à la baisse ses objectifs 2025 (2% de marge vs 5-7% auparavant). Par ricochet, Volkswagen, la maison-mère, annonce une charge exceptionnelle de 5,1 Md$
BBVA relève son offre sur Banco Sabadell de 10%.
Bruxelles ouvre une procédure anti-trust sur SAP relative à ses politiques de maintenance de ses logiciels.
La société finnoise Oura Health, qui a vendu 3 millions de ses bagues connectées sur les douze derniers mois, lève 875 M$ sur une valorisation de près de 11 Md$.
La minute innovation 🧚🏻
Alibaba déploie six nouveaux modèles Qwen3 cette semaine, se rapprochant rapidement des meilleurs LLM pour le code, le raisonnement mathématique, le traitement texte, audio et vidéo et la traduction.
Tether, le leader des stablecoins (USDT), serait en train de lever 15 à 20 Md$ sur une valorisation de 500 Md$, sensiblement supérieure à celle de la dernière levée d’OpenAI.
Après les statistiques d’usage de Chat-GPT et Claude la semaine dernière, c’est au tour de Google de dévoiler son enquête annuelle sur l’utilisation de l’IA par les développeurs. 90% d’entre eux l’utilisent, et une majorité estime qu’elle augmente leur productivité et la qualité du code.
Avis aux créas (y compris du dimanche) : Meta lance Vibes, un outil de création de vidéos, pour Insta et Facebook notamment.
Le cercle fermé des géants de l’IA ♻️
L’IA fait encore le buzz cette semaine à coup d’annonces spectaculaires, mais Wall Street s’interroge sur le financement quelque peu circulaire des investissements.
Tout d’abord, selon une étude de Bain & Co, les sociétés d’IA ont besoin de 2 000 Md$ de chiffre d’affaires par an d’ici 2030 pour financer leurs besoins en puissance de calcul, et en généreront probablement 800 Md$ de moins, même en prenant en compte les économies de coûts générées par l’utilisation de l’intelligence artificielle. Voilà pour la demande finale.
Les investissements d’ensemble utilisés par le consultant pour ses calculs (500 Md$ par an) se comparent avec la prévision communiquée récemment par le patron d’Nvidia (3 à 4000 Md$ d’ici 2030), et reprise cette semaine (en haut de fourchette) par le dirigeant d’Alibaba. Résultat, après le marché actions, c’est au tour de celui de la dette de s’envoler, avec une hausse de 70% des émissions d’obligations cotées par le secteur tech depuis le début de l’année.
Le fondateur du hedge fund Greenlight Capital, David Einhorn, s’interroge sur la destruction potentielle de capital liée à ces investissements dans l’infrastructure IA. Et force est de constater que tous ces capex ont tendance à tourner en rond. Prenons la lettre d’intention d’Nvidia cette semaine pour un investissement de 100 Md$ dans OpenAI; la contrepartie : une participation au capital et une commande de « millions » de GPUs. Toujours cette semaine, OpenAI donne des précisions sur le plan Stargate, dévoilant cinq nouveaux sites de construction de datacenters aux Etats-Unis pour un investissement de 400 Md$ : 300 iront chez Oracle, dont l’infrastructure tourne sur les GPUs d’Nvidia, qui investit on l’a vu dans OpenAI.
Huit sociétés, en tête desquelles Microsoft (actionnaire et partenaire significatif d’OpenAI), Google et Meta, vont dépenser 350 à 400 Md$ en capex IA cette année (autant dire la quasi-totalité). Quatre sociétés (les trois précitées et Amazon) représenteraient 41% du chiffre d’affaires d’Nvidia.
En résumé, un tout petit nombre de sociétés souvent liées effectuent des investissements colossaux dans une technologie dont nul ne doute qu’elle est révolutionnaire, mais que personne ne réussit vraiment encore à monétiser. Si cela prouve qu’il n’y a pas de souveraineté sans capitaux (pas inutile à rappeler dans un contexte français), difficile de dire si et quand la lessiveuse s’arrête. Celle des bitcoin treasury companies, ces sociétés dont le cours est indexé sur le bitcoin et dont les investisseurs achètent les titres (avec prime) pour qu’elles achètent…du bitcoin, subit de sérieux revers ces dernières semaines.
Join over 4 million Americans who start their day with 1440 – your daily digest for unbiased, fact-centric news. From politics to sports, we cover it all by analyzing over 100 sources. Our concise, 5-minute read lands in your inbox each morning at no cost. Experience news without the noise; let 1440 help you make up your own mind. Sign up now and invite your friends and family to be part of the informed.
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.