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Investir dans l'innovation

Les marchés mondiaux terminent en hausse, l’Asie en tête, en anticipation de la baisse des taux de la Fed la semaine prochaine, confortée par le ralentissement des prix à la production et des chiffres d’emploi toujours mal orientés.

Keynote Apple : la société innove-t-elle encore ?

Macro 🔭

Aux Etats-Unis, la donnée principale de la semaine concerne encore l’emploi, la révision annuelle par le Bureau of Labor Statistics du nombre de créations d’emplois non agricoles sur les douze mois à fin mars 2025 étant massive : 911 000 de moins qu’initialement estimé. Si bien que la progression de l’emploi est marginalement positive sur la période, et que le ralentissement observé récemment ne fait que suivre une tendance amorcée en amont. Quant aux inscriptions au chômage, elles poursuivent leur hausse pendant la première semaine de septembre. L’indice NFIB de sentiment des PME s’améliore mais fait état de pressions sur les salaires. Les prix à la production augmentent moins que prévu (2,6%), tandis que la hausse des prix à la consommation accélère (+2,9% en août), tirée par l’alimentation, les véhicules d’occasion et l’énergie.  Les anticipations d’inflation du consommateur montent pour le 3ème mois d’affilée dans l’enquête de la Fed de New York et de l’université du Michigan, qui montre aussi une baisse marquée du sentiment.

Dans la zone €, la croissance des exportations allemandes flanche : il faudrait une demande européenne plus vigoureuse pour compenser -12% vers la Russie, -8% vers les Etats-Unis, et – 7% vers la Chine. Sans surprise, la BCE laisse ses taux inchangés. Elle revoit les prévisions de croissance à la hausse (1,2% en 2025 contre 0,9% initialement. L’Insee en fait autant pour la France : 0,8% contre 0,6% auparavant. Et sans surprise, Fitch dégrade la note de la dette française à A+, pointant une instabilité politique qui affaiblit les chances de consolidation budgétaire.

Au Japon, la dernière lecture du PIB du deuxième trimestre surprend : à 2,2% annualisé, c’est environ deux fois les attentes et une accélération considérable (0,3% au premier trimestre).  Même signal positif de l’enquête de sentiment Economy Watchers, qui augmente pour le quatrième mois d’affilée, et de l’indice Tankan. Bref, tout irait bien si l’instabilité politique n’était pas aussi de mise, après la démission du premier ministre Shigeru Ishiba, moins d’un an après son entrée en fonction et en anticipation de l’équivalent japonais d’un vote de confiance. Men will be men.

En Chine, la croissance des exportations ralentit, mais pas tant que ça : +4,4% en août, malgré une baisse de 33% des exportations vers les US (sur les huit mois à fin août, c’est -16%). Les importations ralentissent également, la demande intérieure étant toujours contrainte, ce que reflète aussi le faible niveau des demandes de prêts bancaires. Les prix à la consommation baissent (-0,4% annualisé), mais le rebond de l’inflation sous-jacente permet d’éloigner pour l’instant le spectre de la déflation. Pour la première fois, les flux financiers de et vers la Chine surpassent les flux de biens et services (aux Etats-Unis et au Japon, ils sont dix fois supérieurs, c’est normalement un privilège des démocraties). Un nouveau plan de relance serait à l’étude, consistant à imposer aux banques d’Etat, aux bilans pourtant déjà fragiles, de prêter aux gouvernements locaux afin qu’ils paient leurs arriérés au secteur privé, qui représenteraient environ 1 400 Md$ (7% du PIB).

Pour tout savoir sur l’indice de l’université du Michigan ou comprendre l’impact des décisions des banques centrales (ou de Fitch) sur vos actifs, rendez-vous dans la section Me former de notre plateforme. Réduction avec le code ETE.

Micro 🔬

Enfin une bonne nouvelle pour Elon (en plus de sa potentielle rémunération) : les téléchargements de l’app de robotaxis de Tesla, disponible depuis le 5 septembre, sont dans le top 5 de l’App store US (80 000 par jour pendant les 5 premiers jours).

Larry Ellison devient brièvement l’homme le plus riche du monde à la suite de la publication des résultats d’Oracle, qui entraînent une hausse du titre de près de 40%, et de la fortune de son actionnaire majoritaire de plus de 100 Md$. Le spécialiste des bases de données publie un chiffre d’affaires en hausse de 12%, mais surtout des contrats en hausse de 359% grâce à l’accélération de la demande d’infrastructures cloud optimisées, notamment pour l’IA. A noter que les prévisions de CA sont basées sur ces contrats pluriannuels, notamment avec OpenAI, qui dépendent de la capacité des clients à continuer à lever.

Le fils de Larry Ellison préparerait selon la presse une offre sur Warner Bros Discovery, un mois après avoir acheté Paramount, en s’appuyant sur un financement familial.

Synopsys, qui commercialise des logiciels de design de semiconducteurs, décroche de 35% sur des résultats trimestriels décevants et une révision à la baisse de ses objectifs annuels. Certains clients (la presse évoque Intel) seraient à l’arrêt, et les restrictions aux exportations vers la Chine pèsent également.  

AngloAmerican fusionne avec le Canadien Teck Resources, créant l’un des plus grands groupes miniers globaux et un « champion des métaux critiques » avec plus de 70% d’exposition au cuivre.

La consolidation reprend aussi au sein des banques régionales américaines avec l’offre de PNC Financials sur FirstBank Holding Company (Colorado et Arizona), destinée à se renforcer sur les marchés en forte croissance.

En réponse au ralentissement des ventes de son traitement de l’obésité, Novo Nordisk annonce le licenciement de 11% de ses effectifs.

Kering, très endetté, gagne du temps sur le rachat du solde de Valentino : Le fonds d’investissement qatari Mayhoola décale de deux ans ses options de vente des 70% du capital qu’il détient.

La startup de Buy Now Pay Later Klarna fait enfin ses premiers pas en bourse à New York, sur une valorisation de 15 Md$, soit au-dessus de la fourchette initialement prévue, l’opération étant largement sursouscrite. C’est quand même trois fois moins que la valorisation de 2021 (près de 47), mais mieux que celle de 2022 (moins de 7). Le titre clôture en hausse de 15%. C’est la semaine des introductions en bourse aux Etats-Unis : pas moins de six opérations, pour un total de 4Md$ levés, un plus-haut depuis 2021. Au menu également, Figure Technology Solutions (prêts via la blockchain), introduite sur une valorisation d’environ 5 Md$ (pour moins de 200 M$ de chiffre d’affaires au premier semestre), qui clôture en hausse de 24% sa première journée de cotation.

La minute innovation 🧚🏻

Ant Group (une société de Jack Ma, fondateur d’Alibaba) dévoile son premier robot humanoïde, destiné à remplir des fonctions allant d’assistant dans la santé à guide touristique. Pour l’instant, il cuisine, et c’est très, très lent.

Réjouissons-nous de l’amorce de stratégie de souveraineté européenne que représente l’investissement d’1,7 Md€ d’ASML dans Mistral AI. Et relativisons d’une part les synergies industrielles (en termes d’écosystème, c’est moins efficace que Microsoft + OpenAI, qui annoncent d’ailleurs cette semaine avoir trouvé un accord provisoire sur le changement d’OpenAI en société à but lucratif), d’autre part la valorisation : 11,7 Md$ post-money, c’est très significatif à l’échelle européenne, mais ce n’est même pas le montant de la dernière levée d’Anthropic (13 Md$ sur une valorisation de 183 Md$ post-money).

Critterz, le premier film d’animation généré par IA, vise une sortie pour le festival de Cannes 2026 (le court-métrage de 2023 est ici). Créé par OpenAI, le film serait développé en 9 mois et pour 30 M$.

La souveraineté passe aussi par l’investissement dans la tech et la santé. Retrouvez un fonds de private equity investissant dans ces secteurs en Europe de l’Ouest, avec un TRI cible de 22%, dans la section Investir de notre plateforme.

iNnovation ©️

Apple a tenu cette semaine sa keynote d’automne, présentant les produits qui seront lancés le 19 septembre. La nouveauté principale est l’iPhone Air, le plus fin de la gamme avec 5,6mm, qui tourne sur un processeur maison, le A19 Pro, lui conférant la même capacité de traitement que le MacBook Pro. L’iPhone 17 ne diffère des précédents que par la performance de son processeur (A 19 aussi), et quelques améliorations de l’appareil photo, dont une pour le centrage des selfies. Quant à la série 11 de l’Apple Watch, là aussi les changements sont internes (connectivité 5G, notifications en cas d’hypertension et traduction instantanée), tandis que l’Ultra 3 permet d’envoyer des sms via satellite.

Samsung, leader mondial cette année, est passé de 23% à 31% de part de marché au T2 aux Etats-Unis grâce à ses modèles pliables, Apple passant de 56 à 49%. Le lancement en juillet du Z Fold 7, qui se transforme en tablette, et du Z Flip, modèle à clapet comme les vieux Nokia, a rencontré un vif succès. Apple ne s’est pas précipité sur les modèles pliables, évitant à ses clients les déconvenues du début (l’écran du Z Flip avait une fâcheuse tendance à se décoller autour de sa charnière), et vise un lancement en septembre 2026. Idem pour le nouveau Siri, décalé à plusieurs reprises.

On a beaucoup écrit sur la stratégie d’innovation d’Apple (dont l’organisation est détaillée dans cette note de la Harvard Business Review). La société a longtemps développé des innovations de rupture, du Mac à l’iPod ou à l’iPhone, technologiquement inférieur à ses concurrents, mais introduisant une nouvelle proposition de valeur avec la navigation web, la qualité de l’interface puis la richesse d’applications de l’app store. Depuis un peu plus d’une décennie, l’innovation est largement incrémentale pour le smartphone (changements de design subtils et épisodiques, et améliorations de l’architecture système), et architecturale pour l’ensemble de la gamme avec le lancement d’accessoires conçus pour fonctionner avec un iPhone, comme l’Apple Watch ou l’AirPod.

Il n’y a pas que l’innovation de rupture qui fonctionne : Eastman Kodak, au bord de la faillite, est cette semaine dépassé par le succès de son mini-appareil photo au design 80s, nommé Kodak Charmera. Apple a bâti sa forteresse et la consolide désormais à coups d’innovations incrémentales portant essentiellement sur les systèmes et les services, tablant sur un client captif de son écosystème. Reste à voir si l’alliance d’OpenAI et de du designer star (ancien d’Apple) Jony Ive parviendra à trouver un « form factor » révolutionnaire pour l’intelligence artificielle, une innovation de rupture qui remettrait en cause l’addiction aux smartphones. Comme l’iPhone en son temps, rendant obsolète un Blackberry dont ses clients pensaient pourtant qu’il était indispensable.

Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.