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Ready Player One
Investir dans les jeux vidéo

Les marchés européens, encore dans l’attente de la lettre de Trump (suspense levé ce samedi), font mieux que le reste du monde dans une semaine relativement résiliente compte tenu des annonces chaotiques sur les droits de douane.
Le marché des jeux vidéos affiche une croissance relativement modeste, mais certaines ruptures technologiques majeures pourraient fournir des opportunités d’investissement intéressantes.
Macro 🔭
Aux Etats-Unis, la valse des droits de douane continue : à compter du 1er août, les pays n’ayant pas signé d’accords écopent de taux allant de 25 à 49%, le Canada passe à 35%, le Brésil à 50%, en représailles contre les poursuites judiciaires contre Bolsonaro, alors même qu’il est importateur net de produits américains et que l’inflation sur le café atteint déjà 10% aux Etats-Unis cette année. Et 50% sur les importations de cuivre. Trump demande également que la Fed baisse ses taux de 3%, rien que ça. Chaos. Sinon, l’indice NFIB d’optimisme des PME baisse marginalement en juin, en raison d’excès de stocks et d’inquiétudes sur les taxes au sens large, les prêts hypothécaires rebondissent pour le troisième mois d’affilée, et les inscriptions au chômage de la semaine sont relativement faibles, tandis que le nombre total de chômeurs poursuit sa lente mais incontestable remontée.
Dans la zone €, en attendant la lettre de Trump (envoyée il y a une heure: ce sera 30%), peu de données cette semaine. Les ventes au détail progressent de 1,8% en mai, poursuivant la tendance positive enclenchée il y a un an environ.
Au Japon, la croissance des salaires ralentit fortement en mai, en raison d’une baisse des bonus et alors que les hausses significatives négociées par les syndicats cette année ne se reflètent pas encore dans les données. L’indice économique avancé repart à la hausse, de même que l’enquête Eco Watchers.
En Chine, toujours pas de déflation, même si à 0,1% annualisé, la hausse des prix à la consommation reste très faible, tandis que les prix à la production baissent significativement.
Trump accuse Jerome Powell de « pleurnicher comme un bébé face à une inflation inexistante ». 😳Vous aussi, vous êtes un peu perdus sur les liens entre taux et inflation ? Notre formation gamifiée vous rafraîchira les idées. Exceptionnellement, vous recevrez un deuxième mail cette semaine, avec lien et code de lancement.
Micro 🔬
Si les attentes de croissance des bénéfices par actions au deuxième trimestre sont modestes aux Etats-Unis, elles sont à zéro en Europe. Début de réponse dès la semaine prochaine avec les premières publications.
Tesla décroche lundi (-8%) en réaction à l’annonce pendant le week-end de la création par Elon de son parti politique. Accessoirement, la société traîne des pieds pour organiser son assemblée générale, fixée cette semaine au 6 novembre, 17 mois après la précédente.
Nvidia atteint les 4 000 Md$ de capitalisation boursière jeudi en clôture.
JP Morgan facturera désormais les données qui transitent par les agrégateurs (les intermédiaires qui vous permettent de consulter tous vos comptes bancaires au même endroit ou qui facilitent les paiements comme Paypal). Si la banque parvenait à ses fins (il y a encore une incertitude réglementaire), et compte tenu des tarifs annoncés, l’open banking serait remis en question, de même que le business model de nombreuses fintechs.
WPP publie son deuxième profit warning de l’année et perd plus de 15% en séance, retrouvant son cours de 2009. L’agence de publicité britannique a perdu des contrats ces dernières années, au profit de Publicis notamment, et anticipe un chiffre d’affaires annuel en baisse de 3 à 5% en 2025. La mauvaise performance du début d’année est attribuée pour moitié aux pertes nettes de clients, pour moitié à l’environnement macroéconomique. Et ne lève pas l’incertitude additionnelle sur l’impact de l’intelligence artificielle sur la publicité.
Amazon a doublé la durée des Prime Days cette année (du 8 au 11). La publication par un sondeur externe d’un recul des ventes de 40% le premier jour a agité le landernau des analystes. Adobe évalue la hausse, toujours le premier jour, à environ 10%, et les données pour l’ensemble de l’événement seront connues en début de semaine. Si le ralentissement était avéré, ce serait un nouveau signal négatif sur la croissance américaine.
Meta détient 3% du capital de Luxottica, pour un montant d’environ 3,5 Md$.
L’Italien Ferrero lance une OPA à 3 Md$ sur Kellogg.
La minute innovation 🧚🏻
Un robot de bureau plutôt mignon, programmable en Python, pour créer et tester des applications IA : meet Hugging Face’s Reachy Mini. Et préparez-vous à voir vos enfants lâcher TikTok (un peu) pour leur nouveau compagnon.
Llama 4, le LLM de Meta, n’est pas à la hauteur, ce qu’un salarié sur le départ attribue à une culture qu’il qualifie de cancer métastatique. Pour redresser la barre, Zuck spends like a drunken sailor (l’expression anglaise est plus sympathique que claquer un pognon de dingue) : sa dernière recrue, Ruoming Pang, piquée à Apple, émargerait à 200 M$ (sur quelques années, et avec une partie significative en actions Meta, quand même).
SpaceX étudierait une levée et une vente d’actions en secondaire sur une valorisation de 400 Md$ (c’était 350 lors d’une secondaire en décembre dernier).
Envie d’en savoir plus sur les opportunités d’investissement dans les jeux vidéos ou d’autres thèmes? Rendez-vous ici.
Ready Player One 🎮
Economie de la création, deuxième partie, avec les tendances émergentes du jeu vidéo.
La population mondiale de joueurs a franchi le cap des 3,3 milliards en 2024, contre 2,7 milliards en 2020, générant un chiffre d’affaires d’environ 190 Md$, dont la moitié pour les jeux mobiles, près de 30% pour les consoles, et le solde pour le PC. La croissance est modeste, environ 2% en 2024, un peu plus quand des jeux emblématiques sont lancés, avec un taux de croissance annuel moyen pour les dix prochaines années estimé autour de 4%, plus ou moins celui de la consommation non courante (et de fait, bien qu’il s’agisse d’un loisir, le segment des jeux est plutôt contracyclique).
La croissance à deux chiffres se situe dans les applications de l’IA (automatisation d’une partie de la création de contenus), le cloud gaming, qui en rendant les jeux de haute qualité accessibles sur n’importe quel appareil élargit considérablement le marché cible, et la réalité virtuelle, où se distinguent deux acteurs, Roblox et Epic Games, également au cœur de la tendance la plus explosive, les plateformes de jeux conçues comme des espaces sociaux dotés d’économies internes et de contenus créés et monétisés par les utilisateurs.
Trois types d’acteurs composent le marché : fabricants de consoles, éditeurs et distributeurs. Les trois fabricants de consoles ont des stratégies différentes : Sony (PlayStation) mise sur l'excellence de ses productions et l'exclusivité. Microsoft mise sur une approche de plateforme agnostique avec le Xbox Game Pass, et d’éditeur (grâce à l’acquisition d’Activision Blizzard et de ses franchises comme Call of Duty ou World of Warcraft), avec pour objectif de devenir le « Netflix du jeu vidéo ». Nintendo continue de tracer sa propre voie, en se différenciant par l'innovation hardware et la puissance de ses licences maison (Mario, Pokemon) : la Nintendo Switch, console hybride salon/portable, a été un succès phénoménal, avec plus de 150 millions d'unités vendues depuis son lancement.
Les grands éditeurs contrôlent la production de contenu et détiennent les franchises les plus lucratives. Le Chinois Tencent est, de loin, la plus grande entreprise de jeu vidéo au monde par le chiffre d'affaires. Ses studios sont à l’origine de League of Legends ou Clash of Clans, et il détient des participations significatives dans des centaines d'autres, dont Epic Games (Fortnite) et le français Ubisoft. Cette approche lui assure une présence dominante sur tous les segments (PC, mobile, console) et toutes les géographies. Le modèle de Take-Two repose sur une production moins fréquente mais d'une qualité et d'une rentabilité exceptionnelles, principalement via son studio Rockstar Games (Grand Theft Auto). Acteur majeur avec des licences fortes comme Assassin's Creed et Far Cry, Ubisoft traverse une période (enfin, on frise le structurel) de turbulences stratégiques.
Enfin, côté distribution, les plateformes qui contrôlent l'accès aux joueurs exercent une influence considérable. L'App Store d'Apple et le Google Play Store dominent le marché mobile, prélevant une commission standard de 30 % sur toutes les transactions. Cependant, de nouveaux gardiens émergent : les services d'abonnement comme le Game Pass et le PlayStation Plus deviennent des prescripteurs puissants, influençant les choix des joueurs et même la conception des jeux. Des jeux comme Roblox et Fortnite (Epic Games) se transforment en plateformes sociales interactives, comparables à des réseaux comme Facebook ou TikTok, mais avec une couche ludique. Ils fournissent aux joueurs des outils pour créer leurs propres jeux, objets ou expériences, et les monétiser au sein de l'écosystème, les transformant en développeurs et en entrepreneurs. La PlayStation de Sony dans les années 90 a démontré que le succès ne dépendait pas seulement des jeux, mais aussi de la maîtrise de la plateforme technologique et de l'écosystème de développeurs. C’est peut-être ce que ces acteurs sont en train de recréer.
Historiquement, le secteur a été volatile en bourse, fluctuant au gré des lancements de consoles ou de jeux majeurs, et des nombreuses controverses qui agitent régulièrement un secteur caractérisé par une forte pression liée aux coûts de développement colossaux des grands jeux, se traduisant par des cultures managériales agressives et osons le dire passablement misogynes.
Chaque rupture technologique majeure – de la borne d'arcade à la console, du PC au mobile, et demain au cloud – a provoqué une redistribution des cartes, créant de nouveaux leaders et de nouvelles opportunités d'investissement. Qui rappelons-le ne sont pas nombreuses dans ce thème.
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.