Souveraineté sanitaire

Investir dans la souveraineté

Malgré le shutdown aux Etats-Unis, les marchés sont euphoriques en anticipation d’une nouvelle baisse des taux de la Fed. Le STOXX Europe 600 signe sa plus forte hausse hebdomadaire depuis avril, tandis que les marchés chinois bénéficient d’un rally tech et d’une macro un peu plus favorable.

L’accord de Pfizer avec le gouvernement américain pourrait avoir des implications globales sur les prix des médicaments.

Macro 🔭

Aux Etats-Unis, nouvelle surprise dans l’immobilier avec un rebond des ventes de logements existants, tandis que la hausse des prix (indice Case Shiller) ralentit pour le sixième mois consécutif. L’activité productive reste sous pression à en juger par les PMI, toujours en contraction même s’ils affichent un redressement pour le troisième mois d’affilée, et par les indices manufacturiers des Fed de Dallas et de Chicago. La confiance du consommateur mesurée par l’indice du Conference Board baisse fortement. ADP annonce 32 000 destructions d’emplois dans le secteur privé en septembre et revoit significativement à la baisse le chiffre d’août, et si les licenciements de septembre publiés par Challenger sont assez faibles, 2025 enregistre le plus grand nombre de pertes d’emplois depuis 2020, avec en tête l’administration et la tech. Les inscriptions au chômage hebdomadaires ne sont pas publiées en raison du shutdown (suspension, en l’absence d’accord sur le budget, de nombreux services publics et mise au chômage technique de centaines de milliers de fonctionnaires). Il démarre mercredi, et semble parti pour durer (Trump détient déjà le record du plus long shutdown : 35 jours).

Dans la zone €, l’indice de sentiment économique affiche une petite amélioration en septembre, tirée par une inflexion sur la confiance du consommateur (qui reste quand même solidement en territoire négatif) et des promoteurs. L’inflation accélère en septembre (2,2% annualisé), et le chômage remonte à 6,3%. La Commission Européenne propose de doubler les taxes sur les importations d’acier à 50% pour protéger son industrie de la concurrence asiatique.

Au Japon, les ventes au détail baissent pour la première fois depuis plus de trois ans, le taux de chômage remonte (à 2,6%), mais la confiance des consommateurs continue à se redresser. L’indice Tankan de sentiment des entreprises s’améliore au troisième trimestre. Le prochain premier ministre pourrait être une femme.

En Chine, l’activité mesurée par le PMI officiel continue à se redresser, ce que confirment les données publiées par S&P Global : manufacturier et services sont en zone d’expansion. Le gouvernement applique toujours une pression conséquente sur Trump : en pleine période de récolte du soja aux Etats-Unis, la Chine a complètement cessé d’en importer.

Micro 🔬

C’est au tour de Jeff Bezos de déclarer que l’IA est une « bulle industrielle », avec des prix déconnectés des fondamentaux, une excitation générale, et un financement indiscriminé des bonnes et des mauvaises idées. Tout en restant une technologie dont les bénéfices pour la société seront « gigantesques ».

Tesla publie des livraisons record aux Etats-Unis au troisième trimestre, avec près de 500 000 véhicules (+7% par rapport au même trimestre de 2024). La performance est temporaire, car elle tient à l’expiration le 30 septembre des crédits d’impôts pour l’achat de véhicules électriques, et de toute façon le marché s’en moque, focalisé qu’il est sur les robotaxis et les robots humanoïdes.

Les fabricants chinois ont raflé 9,8% du marché des véhicules hybrides en Europe au mois d’août.

Le cours de Nike se reprend un peu sur la publication de résultats trimestriels supérieurs aux attentes sans être flamboyants : 1% de croissance des ventes, et encore, grâce à la baisse du $, et 31% de baisse du résultat net. La société fait face à un creux d’innovation, aux conséquences d’une politique commerciale qui lui a aliéné ses distributeurs, à un consommateur prudent, notamment en Chine, et désormais aux droits de douane, dont l’impact, chiffré à 1 Md$ auparavant, est relevé à 1,5 Md$.

Dans le cadre du projet Stargate, OpenAI annonce que Samsung et SK Hynix feront partie de ses fournisseurs (puces de mémoire) et qu’il investira aux côtés des deux sociétés pour construire deux datacenters en Corée.

Après la liquidation de Tricolor Holdings (prêts subprimes pour l’achat de véhicules) mi-septembre, l’affacturage fait une nouvelle victime dans le secteur des pièces détachées pour les automobiles, First Brands Group Holdings, qui entre en procédure de sauvegarde. Un « petit » (10 à 50 Md$ estimés à ce stade avec le hors bilan) rappel à l’ordre sur le marché en pleine croissance de la dette privée, avec parmi les créanciers UBS, JP Morgan ou Jefferies.

Electronic Arts, le développeur du jeu Sports FC 26 (nommé auparavant EA Fifa) signe le plus gros LBO jamais observé, avec un retrait de la cote à 55 Md$ mené par le fonds d’investissement public d’Arabie Saoudite, Silver Lake Management et Affinity Partners. L’opération est interprétée comme un signe que les droits de douane sont intégrés et que les investisseurs considèrent que la situation est stabilisée.

La minute innovation 🧚🏻

Après le Top 100 Gen AI Consumer Apps, Andreessen Horowitz publie AI Apps 50: where startups spend on AI. 35 des sociétés citées sont américaines, 6 ont vu le jour dans l’Union Européenne.

OpenAI (4,3 Md$ de chiffre d’affaires au premier semestre) fait une vente en secondaire de 6,6 Md$ d’actions d’employés sur une valorisation de 500 Md$, établissant le record de la startup la mieux valorisée devant SpaceX (400 Md$). Le dernier tour, il y a quelques mois, s’établissait à 300 Md$. La société lance également une app qui permet de créer des vidéos à partir de prompts : this is Sora 2.

Apple ne lancera finalement pas de nouveau casque Vision Pro en 2027 et cherchera plutôt à concurrencer Meta dans les smartglasses.

Anthropic lance Claude Sonnet 4.5, qui affiche de nets progrès en raisonnement et peut coder en continu pendant 30 heures.

Nous préparons le lancement de produits structurés (santé et transition énergétique), rendement annuel cible 6-10%, capital protégé. Pré-inscription ici.

Souveraineté sanitaire 💊

Le prix des médicaments est un sujet récurrent aux Etats-Unis, et la relocalisation de la production est un thème cher à Trump. Au 1er octobre, les laboratoires pharmaceutiques devaient se voir appliquer des droits de douane de 100% sur les médicaments importés (souvent d’Irlande, où les groupes ont délocalisé pour bénéficier de la fiscalité attractive), sauf pour ceux ayant des usines en cours de construction aux Etats-Unis.

Pfizer annonce cette semaine un accord avec le gouvernement américain en vertu duquel le groupe appliquera la clause de la nation la plus favorisée aux médicaments vendus à Medicaid (l’assurance santé des plus défavorisés), commercialisera ses produits avec 50% de réduction en moyenne sur le site TrumpRx.gov (sic), qui doit être lancé début 2026, et investira 70 Md$ aux Etats-Unis, en échange d’une exemption de droits de douane de trois ans.

Les laboratoires pharmaceutiques, dont une quinzaine sont en négociation avec la Maison Blanche, appliquent déjà de fortes décotes sur les prix officiels, entre autres en raison des nombreux intermédiaires présents dans la chaîne de valeur, si bien que pour les citoyens titulaires d’une mutuelle (90% de la population), cela ne fera probablement pas de différence, et pour l’industrie pharmaceutique guère plus.

Le lancement des nouveaux produits au même prix aux Etats-Unis que dans les autres pays développés, en revanche, risque d’entraîner une inflation significative des prix hors US, la probabilité que l’industrie choisisse de s’aligner sur les prix les plus bas (souvent français) étant négligeable.

Pour le secteur, l’annonce amène plus de visibilité et les mesures ne devraient en première approche avoir qu’un impact limité sur les trajectoires de croissance. Pour les citoyens américains bénéficiant d’une assurance, on risque d’être loin d’être loin du « huge impact on bringing Medicaid costs like nothing else » claironné par Trump, et pour ceux qui ne sont pas assurés, l’impact pourrait être marginal aussi, les traitements les plus coûteux (oncologie, maladies chroniques) restant hors d’atteinte même après décote. Pour l’Europe et le Japon, les conséquences pourraient être plus lourdes, avec une pression à la hausse sur les prix, qui dans un contexte de systèmes de santé fragiles, pourrait se traduire par des délais dans l’enregistrement des traitements innovants.

Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.