Synchronicité

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Une vague de prises de bénéfices clôture une semaine très volatile. L’enthousiasme lié à la confirmation que le début des baisses de taux de la Fed est proche cède le pas aux inquiétudes sur l’emploi et sur les résultats des big techs, dont les publications répondent plutôt par la négative à la question principale des investisseurs, le retour sur les investissements dans l’IA.

L’enthousiasme pour les JO est bien là. Impacteront-ils la macro ou la micro ?

Macro 🔭

Aux Etats-Unis, les indicateurs avancés continuent indiquer un ralentissement de la production manufacturière (46,8 pour le PMI manufacturier de juillet). Le sentiment du consommateur (indice du Conference Board) se reprend. Les données d’emploi confirment le tassement du marché du travail : si le nombre total d’emplois disponible est meilleur qu’attendu, les sondages indiquent que les jobs sont plus difficiles à trouver, le taux de démission est orienté à la baisse, le coût du travail augmente moins vite qu’auparavant, les créations d’emploi dans le privé ralentissent à 122 000 en juillet (ADP), les demandes initiales d’allocations chômage poursuivent leur hausse à 249 000, et l’emploi non agricole n’augmente que de 114 000 alors que le consensus attendait 175 OOO. Le taux de chômage augmente à 4,3%, faisant la passer la Sahm rule au-dessus du seuil signalant historiquement une récession. La Fed laisse ses taux inchangés mais signale, avec des réserves, qu’une baisse pourrait avoir lieu en septembre si les progrès en matière d’inflation se maintenaient, ou si le marché du travail faiblissait de manière plus significative (ce que les chiffres de fin de semaine tendent à valider). Un sondage PredictIt donne Kamala Harris en tête pour la première fois.

La croissance du PIB du deuxième trimestre de la zone € s’établit à 0,6% en annualisé (France : +1,1%), au-dessus des anticipations, malgré le ralentissement plus marqué que prévu de l’économie allemande (-0,1%). La croissance des prix à la consommation (juillet) réaccélère à 2,6% (2,3% en France). Le taux de chômage enregistre une légère hausse en juin à 6,5%. En deux ans, les investisseurs ont retiré 12 Md€ des fonds immobiliers ouverts, qui détiennent au total pour 166 Md€ d’actifs, pour la plupart non réévalués. Des cessions forcées pour faire face aux retraits pourraient entraîner la réévaluation des actifs (pour les fonds US cotés, où l’ajustement est plus rapide, la baisse est d’environ 30%).

La BoE baisse ses taux directeurs pour la première fois depuis la pandémie (-0,25% à 5%). Deux baisses supplémentaires sont attendues d’ici la fin de l’année.

Au Japon, les taux directeurs évoluent à l’inverse du reste du monde : le court terme augmente de 0,15% pour retrouver un plus-haut depuis 2008 (certes modeste à 0,25%), et la banque centrale annonce diviser par deux ses achats d’obligations d’ici 2026. La forte hausse du JPY qui s’ensuit pénalise le marché. Le taux de chômage de juin passe à 2,5% (2,6% en mai), les ventes au détail accélèrent en juin (+ 3,7%).

En Chine, l’activité manufacturière se contracte pour le troisième mois d’affilée (PMI de juillet à 49,4). Le gouvernement publie un communiqué annonçant sa volonté de soutenir la consommation, sans donner de détails, et alors qu’historiquement le fridges not bridges n’est pas son fort. Pékin cessera de publier les flux entrants et sortants des investisseurs étrangers (-4,1 Md$ en juillet sur les actions de Chine continentale) à partir du 18 août, un nouveau pas vers l’opacité qui ne devrait pas favoriser le marché.

Le sénateur américain Cynthia Lummis envisage de déposer un projet de loi afin d’établir une réserve stratégique de bitcoins équivalant à 5% de l’offre.

12,7%, c’est le retour sur investissement médian d’un MBA aux Etats-Unis selon ce calculateur de Bloomberg (paramétrable pour d’autres institutions).

Micro 🔬

Meta ressort comme le gagnant (ou le rescapé) des résultats trimestriels des Magnificent 7 : CA en hausse de 22%, marge opérationnelle de 38% (environ 50% avant les 4,5 Md$ de pertes de Reality Labs), mais surtout pas mal d’indicateurs au vert. Plus de 3,2 milliards de personnes dans le monde utilisent au moins une application Meta chaque jour, et la dernière-née, Threads, compte 200 millions d’utilisateurs actifs mensuels. L’intelligence artificielle trouve des applications concrètes (elle impacte l’engagement des utilisateurs, l’assistant Meta AI pourrait être le premier du marché d’ici la fin de l’année, et l’IA est graduellement déployée dans la publicité pour la création, avec comme but de fournir un service complet aux annonceurs qui n’auront plus qu’à communiquer leur objectif commercial et leur budget). Zuck reparle du métavers, et le management déclare que le retour sur investissement est positif sur l’IA core, à définir sur l’IA générative. C’est le sujet qui taraude les investisseurs ce trimestre au regard des dépenses engagées par les big techs : 8,5 Md$ de capex ce trimestre pour Meta, un objectif annuel revu de 35-40 à 37-40 Md$, une augmentation significative des investissements annoncée pour 2025, une baisse des marges probable en raison des amortissements sur les capex 2024. Reste à comprendre si ces investissements massifs seront vraiment nécessaires : Llama 3 a été entraîné sur 16 000 GPU H100 de Nvidia. Llama 4 aura besoin d’une capacité 10x supérieure, et Meta disposera fin 2024 de 600 000 processeurs H100.

Poursuivons sur les capex IA avec les 35,4 Md$ investis par Microsoft cette année (clôture à fin juin), dont 19 Md$ sur le seul dernier trimestre (soit plus que les 13 Md$ au total de l’année précédente), pour moitié environ en infrastructure de datacenters, pour moitié en puces. Ces actifs seront monétisés sur 15 ans et plus, déclare le management. Azure (cloud) croît de 29%, dont 8 attribués à l’IA, un ralentissement sur les 31% du trimestre précédent. On comprend le soulagement chez Meta, alors que pour Microsoft le ralentissement, même mineur, de la croissance des ventes du cloud alors que les investissements accélèrent fortement inquiète les investisseurs.

Amazon enregistre 20% de croissance des revenus de publicité en ligne, un score enviable pour certains acteurs du secteur, mais un ralentissement pour un relais de croissance scruté par les marchés, et alors que c’est le premier trimestre de lancement de la publicité sur Prime Vidéo. Assez pour faire oublier le doublement du résultat net et entraîner une baisse marquée du titre.

Apple enregistre 5% de croissance de chiffre d’affaires, grâce à un rebond de l’iPad et aux services, et entretient l’espoir que le lancement d’Apple Intelligence entraînera un nouveau cycle de croissance pour l’iPhone, dont les ventes sont à peine stables.

Les ventes d’Intel baissent de 1%, les résultats passent dans le rouge, et la société licencie 15% de ses effectifs. Le titre clôture la journée de vendredi en baisse de 26%.

Nvidia publie le 28 août. Le titre a rebondi en milieu de semaine grâce aux résultats du fabricant de semiconducteurs AMD, dont les ventes de puces destinées aux datacenters affichent 115% de hausse. Pour vous positionner dans le débat « Nvidia est-il le Cisco des années 2020 », quelques données sur les parcours et les valorisations des deux titres figurent dans cet article de décembre dernier.

Le médicament anti-obésité Zepbound d’Eli Lilly sera bientôt produit en quantité suffisante pour mettre fin aux pénuries l’affectant depuis son lancement.

Warren Buffett vend des actions Bank of America depuis plus de dix jours, portant ses cessions depuis mi-juillet à près de 9% de sa participation.

Les Etats-Unis pourraient finalement exempter les équipementiers de semiconducteurs de l’interdiction d’exporter leurs produits vers la Chine, de quoi redonner des couleurs à ASML.

BNP Paribas annonce l’acquisition de la gestion d’actifs d’Axa IM pour 5,4 Md€, soit 0,6% des encours sous gestion.

La minute innovation 🧚🏻

OpenAI dévoile le classement qu’il utilise en interne pour noter les progrès de son IA. Elle approche du niveau 2 (résolution de problèmes à la portée d’un humain doté d’un doctorat mais dépourvu d’outils) sur 5 (peut faire le travail d’une organisation).

Synchron, rival de Neuralink, annonce qu’il a connecté son implant cérébral au Vision Pro d’Apple, permettant à un patient atteint de la maladie de Charcot de contrôler son ordinateur et son iPhone.

Après le New Hampshire en 2020, le Minnesota passe une législation autorisant les voitures volantes, qui à ce stade ne pourront néanmoins décoller que de sites dédiés et seront soumises à la réglementation de l’aviation.

Synchronicité

Je concèderais bien deux ou trois points aux grincheux de la cérémonie d’ouverture, mais préfère retenir la vasque, la vague dorée des danseurs de l’Hôtel-Dieu ou la cavalière de la Seine, et me rallier à l’enthousiasme presque général. Au point de trouver indélicat de parler des retombées, mais puisqu’on parle ici d’économie...

Le surcoût structurel de l’organisation des jeux (118% en termes réels pour la médiane des JO d’été et d’hiver de 1960 à 2024) est avéré, et Paris 2024, bien que s’étant rallié aux préconisations du CIO pour les diminuer (réutiliser des infrastructures existantes, pour le plus grand plaisir des spectateurs d’ailleurs), n’échappe pas à la règle : 8,7 Md$ pour les dernières estimations, 115% de plus que les estimations initiales, mais significativement moins que Londres, Rio (un record de 23,6 Md$) ou Tokyo (statistiques détaillées ici). D’après les auteurs de l’étude précitée, aucun autre mégaprojet, construction de réacteurs nucléaires compris, ne dépasse à ce point son budget (ils oublient peut-être une médaille d’or française dans leur analyse).

Quid des retombées, en termes d’emploi, de tourisme, voire d’exportations ? Un chiffrage ex-ante, largement commenté en mai dernier, aboutissait à un impact positif dans une fourchette de 6,7 à 11 Md€ sur la période 2017-2034. Optimiste sachant que Montréal a mis 30 ans à rembourser les Jeux de 1976. Les données synthétisant les retombées ex-post sont rares, mais cette étude de 2016 conclut que les bénéfices sont nuls à long terme, et le Fonds Monétaire International va dans le même sens. Tant pis, ça ne gâche pas la fête.

Voilà pour la macro. Côté micro, les bons résultats d’Adidas cette semaine comme les déboires de Nike n’ont pas grand-chose à voir avec les JO. Et si historiquement les ventes d’équipements de sport tendent à être marginalement meilleures l’année des Jeux, cette année l’événement ne suffit pas à contrer le marasme général du retail. Ce qui nous laisse le temps de trouver ou créer le véhicule d’investissement adéquat (signe des temps, le principal ETF du secteur est concentré sur les e-sports et les jeux vidéo).

La semaine prochaine, on se retrouve pour un thème lié à l’investissement, mais avec un angle de lecture plus estival.

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Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement sur les thèmes ou les titres mentionnés.